LQ no 176
Tous les numéros de la revue Lettres québécoises sont éminemment recommandables. Celui-ci, le 176, place l’écrivain François Blais et les « régions » en Une et dans un dossier où le gars pas-vraiment-perdu-dans-le-bois côtoie d’autres régionaux comme Perrine Leblanc, Nicholas Giguère, Annie Landreville et Patrice Lessard. Par ailleurs, Roseline Lambert signe avec mots et photos un très beau texte en région très éloignée, la Norvège. Écrire au Québec est plus que jamais un lieu décomplexé.
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Le tigre bleu de l’Euphrate
Emmanuel Schwartz éblouissant dans un superbe texte de Laurent Gaudé, mis en scène par un excellent metteur en scène, Denis Marleau. Alexandre le grand va mourir. Il raconte sa vie de guerrier, ses forces qui sont aussi ses faiblesses, ses victoires qui sont autant de défaites. Emmanuel Schwartz le rend avec sa merveilleuse palette et toutes les nuances nécessaires chorégraphiées par Denis Marleau avec les vidéos évocatrices de Stéphanie Jasmin. Un magnifique spectacle!.
Le tigre bleu de l’Euphrate est présenté au Quat’sous du 29 novembre au 11 décembre.
En hypermodernité, il n’y a plus de choix, pas d’autre alternative que d’évoluer, accélérer la mobilité pour ne pas être dépassé par « l’évolution »: le culte de la modernisation technicienne l’a emporté sur la glorification des fins et des idéaux. Moins le futur est prévisible, plus il faut être mobile, flexible, réactif, prêt à changer en permanence, supermoderne, plus moderne que les modernes de l’époque héroïque. La mythologie de la rupture radicale a été remplacée par la culture du plus vite et du toujours plus: plus de rentabilité, plus de performance, plus de flexibilité, plus d’innovation. Reste à savoir si cela signifie vraiment modernisation aveugle, nihilisme techno-marchand, processus tournant à vide sans but ni sens.
Gilles Lipovetsky, Les temps hypermodernes , Grasset
SPLEEN
Ah! quel voyage nous allons faire
Mon âme et moi, quel lent voyage
Et quel pays nous allons voir
Quel long pays, pays d’ennui.
Ah! d’être assez fourbu le soir
Pour revenir sans plus rien voir
Et de mourir pendant la nuit
Mort de moi, mort de notre ennui.
Hector de Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l’espace , Bibliothèque québécoise