
VEILLE POUR LE VEILLEUR
Le poète, essayiste, éditeur, chroniqueur et journaliste Jean Royer, qui vient de nous quitter, laisse derrière lui des idéaux poétiques qu’il a défendus toute sa vie dans ses recueils et essais, anthologies et même ses critiques. Voici quelques extraits de cette oeuvre luxuriante dédiée à la transmission du trésor poétique québécois.
Avant l’autre nuit, Le Noroît, 2015
« Chaque poème
Donné
Multiplie
La question d’être
Ce que tu comprends
Tu le perds
Et tu es
Hors de toi «
La voix antérieure, Paysages et poétiques, Le Noroît, 2014
« Aujourd’hui la guerre envahit nos pensées. Mais la poésie nous garde au cœur de la parole, là où la paix est encore possible. »
Le poème debout, l’Hexagone, 2014
« Le veilleur
à Robert Melançon
Le Veilleur habite la vérité de l’arbre
la frondaison du clair-obscur
Il interroge à la cime des mots
les feux de l’existence
le désir d’être là, de faction
mémoire de vivant
il guette une parole d’aube
jusqu’au point de rencontre
de son orbe avec le monde
Le Veilleur invente notre espérance. »
Poèmes de l’écoute, Écrits des Forges, 2011
« La poésie
Elle est mère, elle est père, elle est monde et toi, elle est ton souffle de vie en forme de question, elle t’accompagne jusqu’au bout du chemin, elle est l’enfant, elle est l’autre, elle est ce que tu donnes ce que tu prends, elle est gratuite, la parole que tu bois, le langage qui te renouvelle, la couleur du ciel et le secret des mers, la respiration des fleuves et le cri des villes, elle habite les trous noirs du temps et l’infini silence qui unit les vivants et les morts, elle est la vie autour de toi, elle nie toute barbarie, elle aime si tu l’aimes, elle est en toi si tu l’entends, elle est là si tu la vois, elle danse, elle parle, elle pense, elle chante, elle est là, elle est. »
L’amour même, Le Noroît, 2007
« L’amour cet inconnu
Se fraie un chemin
Depuis l’enfance des étoiles
Et le ciel comme une main
Réchauffe le cœur
Des amants aveugles.
L’amour porte le secret
Des corps jusqu’à l’âme
L’éternel présent
Quand la pierre se délite
Au fil de l’eau »
Jour d’atelier, Le Noroît, 1984
« Questionne, pour voir.
La neige, c’est ton visage.
L’eau, c’est ton corps de poésie.
Réponds à la nuit.
Et la mer ton désir.
Quelle musique t’habite ?
Regarde devant toi.
La lumière te précède
Le poème te traverse. »