Mireille Gagné a attiré passablement d’attention lors de la parution, en 2020, de son premier roman Le Lièvre d’Amérique. Elle avait déjà à son actif, à ce moment-là, plusieurs recueils de poésie et de nouvelles. Mais ce dernier opus l’a, semble-t-il, révélé à un plus large public. Son second récit, Frappabord, devrait lui valoir autant de réactions positives.

Imaginons que la flore et la faune disparaissent bientôt de cette image sous le pic des développeurs… Imaginons que, derrière, se cachent des dirigeants avides. Imaginons que la lecture puisse en finir avec la pauvreté, les récessions, les bombes… Réalisons que chaque dose de poésie injecte un remède aidant à maintenir l’équilibre et à avancer malgré tout. La poésie rime avec toujours tous les jours. Pour moi. J’écris moi, sachant que je ne suis pas le seul. J’ai voulu étendre cette année le champ à des poètes et des maisons d’édition peu ou moins connu.es et qui ont su nous surprendre. Nous, oui, puisque nous sommes des milliers, des millions à rêver mieux grâce au verbe. Bonne année 2024!

Vue de l’exposition Salissures, photo: Normand Rajotte

Salissures résulte d’une carte blanche accordée à l’artiste Pierre Bourgault. Cette circonstance est ainsi qualifiée d’exposition de mémoire, occasion donnée à des artistes ayant marqué le parcours de la galerie Occurrence. Un tel événement permet une continuité dans le temps et un retour sur des moments-clés, créés par des acteurs importants de la scène artistique. C’est comme une pierre blanche qui en saluerait une autre.

Bertrand Carrière a toujours cru que le livre pouvait représenter un format idéal et singulier pour l’images photographique, offrant des possibilités autres que la présentation d’images en exposition. Il est ainsi l’auteur d’un bon nombre d’ouvrages, seul ou avec d’autres, et il a été l’initiateur de bien d’autres. Vient de paraître Une poignée d’étoiles, journal photographique qui se veut une suite au Capteur, de 2016. Tout cela, sans sacrifier au fait de multiplier les expositions.

FALLING LIGHT, 2023, Impression au jet d’encre, 120 x 240 « , 304.8 x 609.6 cm, Ed. 5 + 2 AP
Séries: Lac bleu, terre rose, sphère rapiécée, plaie fraîche. CCW 2023 © Chih-Chien Wang

Le lauréat du prix Louis-Comtois 2020, Chih Chien Wang est de retour à la galerie Pierre-François Ouelette Art Contemporain jusqu’au 21 octobre prochain. Son exposition Lac bleu, terre rose, sphère rapiécée, plaie fraîche vibre au diapason d’un monde défaillant.

Vue de l’Espace Roussil, Parc des Chutes de Rivière-du-Loup, Circuit Public’Art, Collection du Musée du Bas-Saint-Laurent

Il arrive qu’on prenne des vacances pour un peu décrocher de tout et qu’une part de ce tout se mette à nous poursuivre, l’art en l’occurence. C’est ce qui m’est arrivé dans mon périple jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine ! 

Voici un ouvrage qui tente le grand coup de faire se concilier des histoires nationales à la fois divergentes, différentes, parfois croisées, en d’autres temps parallèles. À travers les neuf chapitres qui constituent la trame de Québécois et Autochtones, François-Olivier Dorais et Geneviève Nootens tentent de voir ce qu’il serait possible d’apprendre les uns des autres et de tracer comme destin commun sur la base d’un partage de territoire.

Vues de l’exposition Diane Landry, Les prévisions transparentes : Le phare, Galerie Vox, photo : Michel Brunelle

Diane Landry est une artiste inclassable. Depuis 30 ans, elle confectionne des installations animées capables des performances les plus diverses. Influencée par le ready made de Marcel Duchamp, portée sur le recyclage de toutes sortes de matières, elle fait penser parfois aux patenteux du Québec, un titre qui lui plairait sans doute. À la Galerie Vox, avec la complicité de Marie-Josée Jean et de Claudine Roger, elle offre un tour d’horizon parsemé d’œuvres anciennes et de l’inédite Mécanique céleste.

Vincent Lambert est poète et essayiste. Il a publié L’âge de l’irréalité, sur les origines de la poésie québécoise, ouvrage qui semble bien être sa thèse de doctorat dont on sent quelques traces dans le présent livre. Il est aussi l’auteur des recueils Mirabilia et de La fin des temps pour un témoin oculaire. Rien que ces titres laissent entendre qu’une humeur sourde et inquiète doit bien l’habiter.

La carrière de Renée Dupuis est ponctuée de nombreuses réalisations et de belles distinctions. Forte de la Médaille du Barreau du Québec, nommée sénatrice indépendante au Sénat du Canada, elle a présidé la Commission des revendications des Indiens de 2003 à 2009 et fut ensuite nommée témoin honoraire par la Commission de vérité et réconciliation du Canada en avril 2013. Elle est donc la personne toute désignée pour faire un retour approfondi sur la situation des Autochtones au Canada.

Tiohtià:Ké : Cartographie de récits autochtones, photos: David Ospina

Le 22e Festival du Jamais Lu présente jusqu’à demain soir 24 projets d’auteurs et d’autrices d’ici et d’ailleurs qui déambulent entre joie fébrile et lucidité de circonstance. Le spectacle d’ouverture ainsi que les lectures de Nicolas Gendron et de Bibish Marie Louise Mumbu ont certes démontré la pertinence de l’événement de cette année.

HAUT : Evergon, The Lion, the Hoop-Handleur and the Clown, de la série Le Cirque: Works by Celluloso Evergonnie, 1990. Diptyque, épreuves instantanées (Polaroid), 233,5 x 112 cm. Collection Ginerny Capital. © evergon Photo : MNBAQ, Jean-Guy Kérouac BAS : Les grincheux chromogènes (Evergon-Ringuette), The Ramboy Historian, de la série Ramboys: A Bookless Novel Series. Works by Egon Brut and Celluloso Evergonni, 2021. Sur une idée originale et avec la collaboration de Karl-Gilbert Murray. Impression numérique à partir d’un négatif noir et blanc 3 ¼ x 4 ¼ (Polaroid), 152,4 x 121,9 cm. Collection de l’artiste. © Evergon-Ringuette

Evergon, de son vrai nom Albert Jay Lunt, est riche d’une carrière de plus de 50 ans. Il l’est aussi de ses nombreux alter ego dont le plus connu et le plus constant reste tout de même celui que l’on voit ici clore le bal, ou presque : Evergon. Son exposition, Théâtres de l’intime, est présentée au MNBAQ.

Les étoiles peuvent naître partout, même dans les trous noirs, semble-t-il. Le nouveau recueil de Roxane Desjardins n’est pas un ciel étoilé en 2D, mais bien une image du cosmos en 3D. C’est un livre-somme où un poème en cache un autre et ainsi de suite. Le genre de livre, Trou noir, qu’on garde tout près parce qu’il n’a pas fini de nous livrer ses secrets.

Vues de l’exposition de Nelson Henricks au MACM, courtoisie: MACM

Nelson Henricks a plus de 30 ans de production artistique derrière la cravate. Il était donc temps qu’on lui consacre une exposition d’envergure. C’est ce qu’a décidé de faire le Musée d’art contemporain de Montréal. Il peut se targuer, pour l’occasion, d’être en bonne compagnie puisqu’il est accompagné d’une sélection des Screen Tests d’Andy Warhol. Ce choix est sien, et c’est avec cet ajout qu’il célèbre ses années de création au MAC dans les salles aménagées à la Place Ville-Marie avec deux œuvres présentées.    

Affiche de Rome, crédit : Marjorie Guindon et Marie Tourigny

Depuis le début de la pandémie, Brigitte Haentjens, comme la majorité de ses collègues d’ailleurs, n’avait pas entrepris un projet à grand déploiment comme Rome, offert bientôt à l’Usine C. Mais elle y songeait et y travaillait avec son complice Jean-Marc Dalpé depuis un bon moment. La crise leur aura au moins permis de prendre le temps de mettre en chantier la traduction, l’adaptation et l’idéation du spectacle de plus de sept heures des cinq pièces romaines de Shakespeare.

Nous avons entre les mains un livre qui aurait bien pu paraître, sous cette forme, bien plus tôt. Le projet était bien en voie de réalisation du vivant de Claude Gauvreau et sa correspondance nous révèle qu’il espérait voir paraître cet ouvrage dans le sillage d’Étal Mixte, publié aux Éditions d’Orphée d’André Goulet, en 1971; les deux ouvrages initialement prévus pour 1969.

Anne-Marie Cadieux et Henri Chassé dans Le traitement de la nuit, photos: Yanick Macdonald

Le traitement de la nuit d’Evelyne de la Chenelière trace un chemin sinueux entre rêve et réalité. À la mise en scène et à la scénographie, le duo formé par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin y ajoute des couches d’interprétation qui font du spectacle un objet d’une grande théâtralité, maquillant habilement sous le rire plusieurs drames de notre époque.

Diplômée comme comédienne de Saint-Hyacinthe en 2021, Phara Thibault est entrée ensuite en résidence d’écriture à la Licorne. Le premier résultat: Chokola, un plat servi froid dont l’humour et la pertinence devraient inciter celleux qui n’ont pas encore compris ce que représente le racisme systémique dans la vie de tous les jours à visiter le théâtre de la rue Papineau.

Restitutif, 2022, Ed. 1/1, Impression au jet d’encre, 107 x 173 cm, photo: Guy L’Heureux

Nous n’avions pas vu d’exposition individuelle de Nicolas Baier à Montréal depuis Astérismes en 2016. Des projets d’oeuvres s’intégrant à l’architecture et d’art public, comme nous l’apprend son site, l’ont sans doute bien occupé. Qu’à cela ne tienne, la présente exposition nous permet de rattraper le temps perdu grâce à un ensemble divers dont on ne peut ici donner qu’une petite idée.

Les jolies choses, photos : Mathieu Doyon

Catherine Gaudet vient de remporter le Grand Prix de la danse 2022 pour l’ensemble de son travail, mais sa plus création offerte au FTA en 2022, Les jolies choses, représente aussi un sommet en son genre. Cette pièce exigeante va du plaisir de gestes simples jusqu’au sentiment de plénitude dans le dépassement de soi. Un grand moment chorégraphique.

Marie Darsigny ne fait rien comme les autres. Ses récits qu’ils soient poétiques, autofictionnels ou carrément autobiographiques cherchent la vérité en dehors des clichés d’un genre particulier. Publié aux Éditions du remue-ménage, son plus récent livre hybride pousse plus loin la réflexion sur un enjeu peu compris et encore moins étudié.

Humans 2.0, photos: Lesley Martin

Vous sentez vos muscles tout raidis, votre cou douloureux, vos bras lourds. Ceci n’est pas la préparation à votre cours de yoga quotidien, mais des sensations normales éprouvées à la sortie du spectacle Humans 2.0 de la compagnie australienne Circa. Il apparaît humainement impossible pour le corps de résister à un certain mimétisme lors de l’entrainante prestation offerte par l’une des meilleures troupes circassiennes au monde.

Étienne Pilon en répétition dans Chambres d’écho, photos Christian Roy

En tant que moyens de communication, les réseaux sociaux peuvent soutenir certains mouvements pôlitiques, voire des révolutions. Si l’on reste bien confortablement chez soi, cependant, ils font en sorte que chacun.e se retrouve bien souvent à parler an vase clos. Le dramaturge et metteur en scène Philippe Ducros remet en question l’influence des Chambres d’écho à Espace Libre dès le 14 février.

Ligia Borges, Lydie Dubuisson, Mariza Rosales Argonza et Ginette Noiseux lors de l’événement Sentinelle # 2 à Espace GO, Photo: Antoine Raymond.

Même si des avancées ont eu lieu depuis 2016 et la création du groupe des F.É.T (Femmes pour l’équité en théâtre) quant à la présence des autrices et des metteuses en scène, la parité est loin d’être atteinte à tous les niveaux au sein de nos théâtres. L’événement Sentinelle #2 à Espace GO a montré, entre autres, que les recommandations du Chantier féministe, lancé au même endroit en 2019, sont restées en grande partie lettre morte.

Navy Blue de Oona_Doherty, photo Sinje Hasheider

Depuis le début de leur mandat à la tête du FTA l’an dernier, Jessie Mill et Martine Dennewald déjouent les attentes en programmant des artistes qui, également, sortent des sentiers battus. C’est ce qu’un bon festival à tête chercheuse doit faire de mieux. Les cinq premiers spectacles annoncés de l’événement, qui se déroulera du 24 mai au 8 juin, respectent ce credo.