
Établir une première programmation à la direction artistique d’un théâtre est un exercice périlleux, encore plus quand les choix se font dans l’ombre d’une pandémie mondiale. Au Prospero, Philippe Cyr a préparé un heureux programme de 13 spectacles internationaux et québécois dans un esprit de continuité avec sa prédecesseure, Carmen Jolin.
Des artistes émergents d’ici et d’ailleurs, des oeuvres québécoises, française, allemande et russe. Philippe Cyr, qui partage la direction générale avec Vincent de Repentigny, vise large avec sa première programmation à la direction artistique du théâtre Prospero. Sa première mise en scène dans sa nouvelle demeure sera celle d’une pièce d’un dramaturge presque « maison », le russe Ivan Viripaev et de son quatrième texte présenté au Prospero, Insoutenables longues étreintes. Sur scène: Christine Beaulieu, Marc Beaupré, Joanie Guérin et Simon Lacroix.
Dans une autre coproduction maison, Mélanie Demers mettra en scène, une première au théâtre pour elle, Déclarations de l’auteur canadien Jordan Tannahill. Fanny Britt a réalisé la traduction de ce spectacle qui sera interprété par Vlad Alexis, Marc Boivin, Macha Limonchik, Jacques Poulin-Denis et Ève Pressault.
L’une des problématiques majeures au théâtre présentement, la relève, fait l’objet d’une attention particulière au Prospero. En décembre, pour trois soirs seulement, la salle de la rue Ontario présentera Les Bénés – un événement festif mettant en vedette 30 actrices, créatrices et autrices émergentes au sujet de la professionnalisation des jeunes artistes.
« Nous ne sommes pas en train de nous relever, estime d’ailleurs Philippe Cyr, nous construisons demain avec fougue et passion. Et si les dernières années nous ont égratigné·es, les prochaines sont l’occasion de rêver large et mieux. La saison 22-23 est animée par une superbe quantité de souhaits. Elle déborde d’envies, elle est teintée de nos utopies à la fois primitives et confirmées, traversée de contradictions que nous nous employons à magnifier. »

La semaine prochaine
La saison s’amorcera dès le 31 août, avec Walking : Holding, un déambulatoire dans le quartier Centre-Sud conçu pour un·e spectateur·rice à la fois. Présentée partout dans le monde depuis 2011, cette performance de l’artiste Rosana Cade (Glasgow) prend vie Pour la première fois à Montréal jusqu’au 11 septembre.
Dans la salle principale, Louis-Karl Tremblay mettra en scène Mademoiselle Agnès de l’autrice allemande Rebekka Kricheldorf, une adaptation contemporaine et féminine du Misanthrope de Molière. Un nouveau texte de l’auteur Gabriel Plante, Sur l’apparition des os dans le corps, sera monté par Félix Antoine Boutin. Le spectacle s’inspire autant du stand-up comique que des numéros de magie victoriens.
Le metteur en scène Florent Siaud sera de retour en 2023 avec une première mondiale, Si vous voulez de la lumière, soit une réécriture contemporaine du Faust de Goethe par une douzaine de dramaturges francophones originaires de quatre continents. Et en fin de saison, l’artiste multidisciplinaire Cédric Delorme Bouchard reprendra son spectacle Les employés, une adaptation du roman de science-fiction de l’autrice danoise Olga Ravn.
Salle intime
Par ailleurs, le petit Prospero offrira cinq spectacles cette saison. Notamment, des spectacles d’artistes émergents: Charles Voyer (Le gardien des enfants) et Virginie Daigle (Noli). Mais aussi la reprise de Gros Gars de Mathieu Gosselin et le retour du metteur en scène Gaétan Paré avec Poings, un texte qui a valu à l’autrice française, Pauline Peyrade, le Prix Bernard-Marie Koltès en 2019.
Autre initiative intéressante, le Prospero fait désormais partie du REM – Résidences européennes en mouvement, un programme international d’échange de résidences avec quatre théâtres européens et le Périscope de Québec. Enfin, un projet pilote est instauré, L’École de la transgression, qui offrira des ateliers des création durant la saison.
Infos et billets: theatreprospero.com