
En avril dernier, on a appris que la commissaire invitée pour la 17e édition de Momenta Biennale de l’image, l’événement qui a assuré la relève du Mois de la Photo à Montréal en 2017 et qui est finaliste au 35e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, sera Stefanie Hessler. On a annoncé récemment le nom de ses deux adjointes: Camille Georgeson-Usher et Himali Singh Soin. Voilà qui promet.
Stefanie Hessler se promet, dans une biennale intitulée Quand la nature ressent, d’explorer les systèmes planétaires en tant que narrateurs de leur propre logique, tel que je le prends texto depuis le site de l’événement. Il s’agira donc de troubler la séparation entre la nature et sa représentation, de décentrer l’humain occidental en tant que producteurs de savoir sur le monde naturel et d’investir la frontière floue entre nature et culture.
On a bien envie de reprendre un peu cette présentation et de biffer « occidental »! Ce n’est pas seulement le monde occidental qui est producteur de savoir, c’est l’humain en général! Que celui d’Occident occupe une position privilégiée est indéniable mais cela semble une autre question! Qui relève d’un déséquilibre socio-économique mondial…
Quant à la frontière floue entre nature et culture, je crois bien que malheureusement, cette séparation soit nette et tranchée! À partir du moment où l’on émet n’importe quelle forme de représentation, on tombe du côté de la culture. Et on y reste! On ne réussira pas à faire parler la nature sans prêter bouche et parole à ce qui ne parle pas!
Ce n’est pas que cette perspective ne puisse pas donner des expositions et des œuvres intéressantes. Mais, ne nous leurrons pas, celles-ci seront des manifestations de culture.
Stefanie Hessler a, du reste, un parcours intéressant. Intéressée par les systèmes interdisciplinaires d’un point de vue féministe intersectionnel, elle est directrice du Kunsthall Trondheim en Norvège et a à son actif plusieurs expositions en qualité de commissaire.
Adjointes
Mais elle ne sera plus seule pour remplir le mandat qu’on lui a donné à partir des paramètres qu’elle met de l’avant, a-t-on appris il y a deux semaines. Après réflexion et consultation générale, lui seront adjointes Camille Georgeson-Usher et Himali Singh Soin. Avec Maude Johnson, adjointe à la direction et au commissariat de Momenta, elles formeront toutes ensemble l’équipe commissariale. C’est une décision prise en accord avec les intéressés et qui enrichira la programmation à venir et, certainement, d’ici là, la réflexion.
Camille Georgeson-Usher Himali Singh Soin
Camille Georgeson-Usher, universitaire, artiste et administratrice en arts Salish, originaire de la Colombie-britannique, est candidate au doctorat dans le département d’études culturelles de la Queen’s University. Ses recherches l’amènent à s’intéresser aux croisements qui ont lieu entre les protocoles de différentes nations dans les centres urbains dans une perspective autochtone.
Himali Singh Soin, quant à elle, est une écrivaine et artiste active autant à Londres qu’à Dehli. Les environnements immersifs audio-visuels qu’elle réalise, suscitent une réflexion sur la perte écologique et sur la perte du foyer et permettent de créer des refuges permettant de réaffirmer le pouvoir guérisseur de la performance et l’impact radical de l’amour. Elle a été récipiendaire du Frieze Artist Award en 2019, elle est présentement en résidence à la Whitechapel Gallery à Londres.
Pour Audrey Genois, directrice générale de Momenta, ces additions à l’équipe vont permettre « d’apporter une vision plurielle pour le développement de la programmation de l’événement », solidifiant les relations avec le milieu des arts autochtones, en plus d’ouvrir la voie à la découverte d’artistes de l’Asie. Si cet enrichissement aura un effet immédiat sur l’équipe, il nous faudra, quant à nous, attendre septembre 2021 pour en apprécier les bénéfices!