POÈME DE LA SEMAINE: François Guerrette

Prix Émile-Nelligan 2017, Constellation des grand brûlés est l’œuvre d’un humble humain qui a le nez dans les étoiles. François Guerrette a fait paraître cinq recueils éblouissants chez Poètes de brousse, en plus d’une réédition en août dernier, de ses deux premiers livres sous le titre Sous mon costume de vivant, avec une préface de Louise Dupré.

un fond de violence fait pousser

dans nos souvenirs les barrières

de corail, nous serons

des sans-abris millionnaires

nous repeindrons les rues

couleur hurlement, la meilleure

pour maquiller les coups de feu et tenir parole

aux nouveau-nés trop nombreux

pour s’enfuir sur des chevaux de bois

nous avons les constellations à léguer

nos plus hauts hiéroglyphes

François Guerrette, photo : Jean Turgeon

Les cinq recueils de François Guerrette forment une mosaïque d’une très grande qualité visuelle. Maître de l’oxymore, le poète navigue entre les oppositions pour faire apparaître la fragilité humaine.

Né en 1986, ce « sans-abri » est millionnaire de paroles scintillantes. Violence, panique, brûlures de toutes sortes ne l’empêchent jamais de regarder au-delà. De contempler les constellations qui resteront après nous, malgré nous. De transformer le cheval de bois en licorne magique, de hurler et de peindre du même souffle.

Qu’ils soient aviaires ou humains, les parlants connaissent le pouvoir des mots chez François Guerrette. Rien ni personne ne pourra leur enlever. Au-delà de la douleur et des trahisons, c’est ce qui restera, ces étoiles qui nous remettent à notre place dans l’univers. Si petite et dérisoire souvent, aussi grande parfois qu’un hiéroglyphe qui a traversé, traverse et traversera le temps.

Ses autres recueils, tous publiés par Poètes de brousse:

Les oiseaux parlent au passé (2009)

Panique chez les parlants (2010)

Pleurer ne sauvera pas les étoiles (2012)

Mes ancêtres reviendront de la guerre (2014)