
L’ouverture d’esprit et de cœur demeure la marque de commerce d’Espace libre. La programmation 2021-2022 ne fera pas exception dans le théâtre de la rue Fullum. Le directeur artistique Geoffrey Gaquère explique les raisons qui ont motivé ses choix en vue de la saison débutant le 24 août.
Espace libre présentera huit spectacles en 2021-2022. Les thématiques et les manières jouent d’audace comme d’habitude. La moitié des spectacles programmés devaient avoir lieu l’an dernier. Comme toujours, le grand manitou Geoffrey Gaquère souhaite « représenter l’ensemble de la société sur scène ».
Le premier spectacle Placido-Mo – du nom, Placido Morales, d’un itinérant espagnol aujourd’hui décédé – sera un déambulatoire qui ira à la rencontre de personnes qui ont vécu dans les rues du quartier Centre-Sud.
« C’est la sixième année de notre spectacle de quartier. J’ai vu dans ce spectacle, proposé par Magda Puig Torres et Ricard Soler Mallol, la possibilité de collaborer avec l’organisme L’Itinéraire qui habite à quelques coins de rues de chez-nous. La déambulation s’effectue avec une casque d’écoute », explique Geoffrey Gaquère.
Tatiana Zinga Botao, Philippe Racine et Lindz Dantiste forment La Sentinelle, seule compagnie de de théâtre professionnelle francophone entièrement dirigée par des Afro-descendant.e.s. Ils présenteront à Espace libre Qui veut la peau d’Antigone ?
« C’est une superbe proposition. Les trois se réapproprient le mythe et le présentent à tour de rôle dans un monologue. Cette femme, qui se bat pour la dignité, est vue par des artistes afro-descendants. Ça traite donc de questions de pouvoir, de respect, de lutte et d’identité. »
Compagnie résidante, le Nouveau théâtre expérimental, de Daniel Brière et Alexis Martin, offrira deux spectacles cette année : Les morts et La conjuration. La première pièce clôt une trilogie amorcée avec Animaux et Les bébés.
« Les morts c’est comment arriver à matérialiser et à évoquer sur scène nos disparus. C’est un spectacle très poétique, un rêve éveillé très méditatif. La conjuration, par ailleurs, raconte l’écriture d’un manifeste écrit par Georges Bataille et André Masson dans les années 30 pour dénoncer la montée du fascisme. »
Les drag queens sont connues et reconnues, les drag kings – femmes déguisées en hommes – un peu moins. Rock Bière est une pièce féministe offerte en lipsync présentant en documentaire sur la réalité des drag kings et la place des femmes dans la communauté LGBTQ+. « Un cabaret très festif ». soutient le directeur d’Espace libre.

En 2022
En deuxième partie de saison, Espace libre accueillera le spectacle Bermudes (dérives) inspiré de l’excellent roman de Claire Legendre. Le spectacle se situe à l’intersection du concert, de la littérature, de l’installation visuelle et du cinéma d’art.
« C’est un spectacle qui m’a fait beaucoup de bien. Il nous invite, à travers un voyage sur le fleuve Saint-Laurent à rencontrer des gens qui y vivent. C’est une expérience qui pourrait durer des heures tellement c’est beau. »
Après ICI en 2019, sur le déménagement de Radio-Canada, Gabrielle Lessard revient rue Fullum avec La blessure. La pièce pose un regard critique et mordant sur la polarisation des débats sur l’écologie et explore les clivages sociaux et intergénérationnels qu’ils révèlent. « C’est un sujet lourd abordé avec un humour féroce », résume le programmateur.
La programmation d’Espace libre se conclura par un spectacle de cirque Érotisseries des productions Carmagnole. C’est un exploration de l’érotisme, du rapport au corps et du consentement après une longue période où les contacts physiques étaient défendus.
« Après une saison de spectacles engagés, je trouvais ça intéressant de terminer sur un show presque sans paroles qui célèbre l’art du corps » de conclure Geoffrey Gaquère.
Par ailleurs, la pièce de Pascale Drévillon et mise en scène par Geoffrey Gaquère, Genderf*cker, sera rendue disponible en cours de saison sous forme de webdiffusion.
INFOS: espacelibre.qc.ca