THÉÂTRE : Retour vers le futur

Miro Lacasse, Pascal Contamine et Émilie Dionne dans Nostalgie 2175, photos: Maxime Côté

La magnifique ancienne Chapelle des Hospitalières, dans l’enceinte de l’hôpital Hôtel-Dieu, accueille jusqu’au 24 septembre la pièce Nostalgie 2175 de la dramaturge allemande Anja Hilling. La somptueuse mise en scène in situ de Geneviève L. Blais fait apparaître la richesse de ce texte dystopique, mais sans cacher, malheureusement, ses quelques longueurs.

Nous sommes en l’an 2175. Notre planète existe toujours, mais sous des chaleurs accablantes, invivables. Pour s’en protéger, les humains doivent se couvrir adéquatement et vivre dans des cocons tout aussi fortifiés. Un compagnie dirigée par un certain Posch (Pascal Contamine) a développé une technologie textile de pointe permettant de vivre à peu près normalement. Malgré des conditions terrestres extrêmes qui ont fait en sorte bque tout le monde a perdu ses cheveux et qu’un nombre très marginal de femmes puissent désormais enfanter.

Pagona (Émilie Dionne) est de ces miraculeuses mères. Amoureuse de Taschko (Milo Lacasse), elle porte l’enfant de Posch, ci-devant patron de Taschko, un talentueux peintre ayant développé l’avant-gardiste tapisserie protectrice. La dite protection n’a toutefois aucun effet sur Taschko, arroseur arrosé en quelque sorte, puisqu’à la suite d’un grave accident, il ne peut ni toucher ni être touché par personne, pas même par sa tendre Pagona.

Il ne s’agit que d’un court résumé de l’intrigue de ce thriller de science-fiction qui comprend quelques séquences d’explications pseudo-scientifiques futiles et de répétitions de quelques scènes tout aussi surperfétatoires à notre humble avis.

Malgré ce bémol, Geneviève L. Blais crée une mise en scène renversante avec quelques échaffaudages, mobiles ou fixes, accessoires saugrenus et des projections vidéo. Il faut noter aussi la participation remarquable de Symon Henry à la musique et effets sonores, ainsi que de la tatoueuse Katakankabin. La metteuse en scène utilise aussi intelligemment, telle est sa marque de commerce faut-il rappeler, chaque recoin de la fabuleuse chapelle où se situe l’action.

Dans ce site incomparable, les interprètes excellent également à rendre un texte pas toujours commode. L’écriture de l’Allemande Anja Hilling (Tristesse animal noir, présenté à Espace GO en 2012), traduite par Silvia Berut-Ronelt et Jean-Claude Berut, procède, en effet, de nombreux monologues et de descriptions qui ralentissent quelque peu l’intrigue. Un récit parfois compliqué à suivre en raison de nombreux flash back et avant utilisés.

N’empêche, il y a dans Nostalgie 2175, une grande réussite visuelle et auditive. Geneviève L. Blais dirige une production splendide, une histoire hors de l’ordinaire à des années-lumière de trop nombreuses prodcutuion tablant sur un réalisme ordinaire. Cette pièce a l’heur de nous remettre face à la vérité d’une pandémie mondiale qui semble ne jamais vouloir se terminer.

La crise actuelle pourrait d’ailleurs se perpétuer ou, pour employer un terme cher aux pouvoirs financiers et politiques, se « diversifier » de telle façon que ce spectacle fait craindre le pire face au monde d’après qui attend nos enfants et petits-enfants.

Dont acte.


Nostalgie 2175 est présentée dans l’ancienne Chapelle des Hospitalières jusqu’au 24 septembre.

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