
Olivia Palacci peut tout faire. Passée dans sa moulinette à idées de metteuse en scène, la pièce de Gabrielle Chapdelaine, Une journée, devient une téléréalité qui se déroule en 24 heures, mettant en lumière des décors, des costumes et des personnages colorés qui souhaitent sortir de la banalité de leur routine.
Avant même sa création montréalaise, la pièce Une journée de Gabrielle Chapdelaine est devenue A day, une production numérique en anglais présentée l’an dernier au Carnegie Mellon School of Drama de Pittsburgh dans une mise en scène d’Anne Demelo. Le texte avait gagné en 2018 le prix Gratien-Gélinas, octroyé par le CEAD aux dramaturges de la relève, et avait également été monté par Philippe Cyr à l’École nationale de théâtre.
Quatre personnages qui ne se connaissent pas sont réunis dans un huis-clos de 24 heures, une sorte de téléréalité psychanalytique créée pour les éloigner de leur vie ennuyante. Chacun.e connaît le passé des trois autres, mais tous et toutes ignorent comment cette expérience se terminera.

« J’ai une vision éclatée de la pièce, dit Olivia Palacci. J’ai décidé d’aller dans un monde télévisuel où les personnages sont conscients d’être regardés. Ce n’est pas dans le texte comme tel, mais c’est ma proposition à moi. Vu comme ça, le spectacle donne quelque chose de vraiment intéressant. Un peu comme le Huis-clos de Jean-Paul Sartre version 2022. On s’éloigne de la réalité cependant. Tout est simulation. Ce pourrait également être vu comme une sorte de dystopie. »
Dans son texte, Gabrielle Chapdelaine laisse toute la liberté aux créateurs en évoquant qu’il pouvait être interprété par quatre comédien.n.e.s sur scène ou encore qu’il pourrait se dérouler dans la tête d’un seul personnage. Un canevas de base parfait pour Olivia Palacci.
De Béa à Une journée
En 2018, elle avait monté Béa à La Licorne, une pièce sur l’aide médicale à mourir. Au départ, elle avait été approchée pour jouer un personnage dans Une journée. « J’avais adoré le texte. Tableau noir, la compagnie d’André-Luc Tessier et de Rose-Anne Déry m’ont approchée ensuite pour le mettre en scène. On a monté la pièce à Carleton-sur-Mer l’été dernier avec le Théâtre À tour de rôle! »
C’est une pièce qu’elle décrit comme étant « étrange, drôle et touchante ». La metteuse en scène estime que ce que vivent les personnages correspond à ce que nous connaissons tous un jour ou l’autre, cet espoir de changer de vie ne serait-ce que pour 24 heures.
« Plus l’histoire avance, plus on se rend compte qu’on se ressemble, un peu comme dans la vie. On est tous des humains, plus pareils que pas pareils. On possède tous et toutes la même palette d’émotions qu’on vit de façon différente. Même si, dans le fond, on ressent les mêmes choses. »

Aux deux fondateurs-comédien.n.e.s de la compagnie Tableau noir s’ajoutent les expérimentés Renaud Lacelle-Bourdon et Nathalie Claude. Si on parle de palette, ces deux-là en possèdent une des plus multifacétiques.
« Pour moi, une mise en scène, c’est une relecture, souligne Olivia Palacci. C’est ma vision. Le texte reste intégral même si ça donne quelque chose de décalé avec ces comédiens-là. Quand tu travailles un texte d’auteur que tu ne connais pas, tu peux changer des choses. Dans ce cas-ĉi, c’était important de ne pas aller là. J’avais envie que les mots de Gabrielle soient entendus d’un bout à l’autre du spectacle. »
Olivia Palacci est très connue pour ses rôles comiques, mais elle aime bien changer d’habits au théâtre et à la télé.
« Les gens de théâtre savent que ma palette est plus grande que ce qu’on peut me donner à la télé. Ce que j’aime le plus faire au monde c’est jouer, mais j’aime aussi me tester moi-même en faisant des choses complètement différentes. Il est possible que je ne revienne à la mise en scène que dans quatre ans, mais ce sera certainement pour réaliser ce que je n’ai jamais fait auparavant. Si la critique était négative à mon endroit, je crois que je referais quelque chose de semblable pour me tester à nouveau. Aussi, si on me demande d’être réalisatrice, il y a plus de chances que je dise oui que non. »
On pourra d’ailleurs la voir bientôt comme comédienne à la télé, dans Les bombes, incarnant un rôle différent de ce à quoi on a eu la possibilité de la voir jusqu’à maintenant. À Série Plus, l’hiver prochain : six épisodes de 60 minutes écrits par Kim Lévesque-Lizotte et réalisés par Pascal L’Heureux.
« C’est moi qui aie créé le personnage. On peut me voir jouer autre chose que la meilleure amie, la secrétaire ou la psychologue. C’est vraiment un personnage chunky. Ça se passe dans un centre de désintoxication. J’ai dû apprendre plein de nouveaux trucs que je n’avais jamais faits auparavant. Vraiment le fun! »

La pièce Une journée est présentée au Théâtre de Quat’sous du 18 octobre au 5 novembre.