
Vous sentez vos muscles tout raidis, votre cou douloureux, vos bras lourds. Ceci n’est pas la préparation à votre cours de yoga quotidien, mais des sensations normales éprouvées à la sortie du spectacle Humans 2.0 de la compagnie australienne Circa. Il apparaît humainement impossible pour le corps de résister à un certain mimétisme lors de l’entrainante prestation offerte par l’une des meilleures troupes circassiennes au monde.
Les Australien.nes de Circa en sont à leur dixième visite à la TOHU. L’entrain et le plaisir du public demeurent cependant les mêmes. L’originalité, la synchronicité, la précision et le degré de difficulté des acrobaties du groupe de 10 circassiens relèvent des hautes sphères de cette discipline contemporaine.
Bien sûr, on peut y reconnaître certains des numéros exécutés dans Humans du même génial metteur en scène, Yaron Lifschitz, présenté au même endroit juste avant le début de la pandémie en 2019. En y regardant de près, toutefois, on constate que le grouper étire toujours plus loin l’élastique corporel en finesse et en force, en harmonie et en vélocité. Il y a dans ce Humans 2.0 de nouvelles idées d’équilibrisme et d’acrobaties au sol et dans les airs comportant un coefficient de dangerosité toujours plus élevé.
En déjouant constamment nos attentes, Circa nous refait le coup à chaque fois. On se demande inévitablement de quelles façons les corps peuvent ainsi voler si haut, s’agencer, s’attraper et retomber en souplesse. Les numéros de corde souple, de sangles aériennes et de trapèze sont toujours présentés avec le même souci d’innovation. L’imagination de la troupe et de ses dirigeants semble sans limite.

Une certaine sensualité qui n’a rien à voir avec les genres se dégage de certains passages. Une porteuse impressionne au plus haut point et des porteurs deviennent des portés. Certains éléments de chorégraphie s’insèrent çà et là, tandis que des numéros de main à main savent surprendre encore.
Même si certaines scènes ont souffert de pertes d’équilibre non prévues lors de la première médiatique, le spectacle déborde d’une solidarité de tous les instants parmi les circassiens sur scène. Il ne saurait en être autrement dans une représentation si bien calibrée. Les dix membres de la troupe font preuve d’un esprit de corps admirable.
Les éclairages de Paul Jackson et, surtout, la musique fusion électrotribale de Ori Lichtik collaborent admirablement à la qualité de ce spectacle qui ne souffre d’aucun temps mort et qu’on se plairait même à revoir étant donné que plusieurs actions ont lieu en même temps sur la scène circulaire de la TOHU.

Humans 2.0 est présenté à la TOHU jusqu’au 19 février