THÉÂTRE: Mawessine théâtral

Le directeur d’Ondinnok, Dave Jenniss, photo: Maxime Côté

Ondinnok, la compagnie de théâtre autochtone fondée par Yves Sioui Durand, Catherine Joncas et John Blondin (1960-1996), a soufflé ses 35 ans en 2020. Pour célébrer un anniversaire retardé par la pandémie, le directeur artistique Dave Jenniss a organisé Mawessine : Uni.e.s POUR et PAR l’art autochtone. Cet événement fait écho à l’état des lieux sur la situation des arts autochtones au Québec, organisé par la compagnie en 2017.

Peu de compagnies ou de troupes de théâtre durent aussi longtemps de nos jours. Ondinnok a innové il y a 35 ans, a fait des petits et continue de proposer des spectacles, événements et activités pour faire connaître les arts autochtones contemporains au plus grand public. Autant de raisons de vouloir célébrer.

L’événement aura lieu à l’Agora du Cœur des sciences de l’UQAM les 1er et 2 mai. Mawessine signifie « union » dans la langue wolastoqey de la Première nation malécite. Le grand manitou d’Ondinnok, Dave Jenniss, en poste depuis environ quatre ans, a décidé de célébrer les 35 ans de la compagnie avec le regard généreux qui le caractérise. Samedi soir, un gala mettra en lumière les accomplissements d’Ondinnok depuis trois décennies pour remercier les fondateurs Yves Sioui Durand et Catherine Joncas.

« On va rendre hommage à des personnes très importantes à tous les niveaux de la compagnie. Des artistes vont aussi présenter des extraits de spectacles d’Ondinnok qui ont été réalisés depuis les débuts. On aura sur scène Louis-Karl Picard Sioui, Carlos Rivera, Marie-Andrée Gill, Kathia Rock et Véronique Hébert. Charles Bender animera le spectacle et Normand Guilbeault sera à la direction musicale. »

La plupart des activités du 35e anniversaire auront lieu en respectant les mesures sanitaires pour les participants, mais sans spectateurs. Les cercles de parole ainsi que le gala et les performances artistiques seront rendus disponibles gratuitement en webdiffusion à partir du 21 mai sur la page vimeo d’Ondinnok.

La danseuse et chorégraphe Ivanie Aubin Malo, photo: Myriam Baril-Tessier

Cercles de parole

En plus de célébrer un anniversaire important, Mawessine sera l’occasion de réunir différents acteurs et artistes du milieu des arts vivants dans la foulée du rassemblement tenu en 2017 en présence d’une cinquantaine de créateurs et de représentant.e.s d’organisations artistiques autochtones. Un manifeste avait été déposé auprès de plus de 40 institutions politiques et artistiques allochtones et autochtones par la suite.

 » On avait le goût de se poser à nouveau des questions sur l’importance de notre art en tant qu’Autochtones, explique Dave Jenniss. On va créer des cercles de parole pas seulement avec des artistes, mais aussi avec des intervenants communautaires et pédagogiques. On va avoir trois rencontres en deux jours. Je veux voir comment on peut se rallier tous ensemble pour créer une grande communauté. Il y a trois compagnies de théâtre autochtone et je rêve qu’on réalise un gros projet ensemble. »

Dave Jenniss souhaite aussi, pendant le prochain week-end, discuter d’enjeux actuels tels que l’importance de préserver les liens dans les communautés malgré les crises, la nature des pratiques artistiques, l’usurpation d’identité ou encore le rôle des artistes dans la transmission d’un héritage et patrimoine artistiques aux nouvelles générations.

L’artiste multidisciplinaire Moe Clark, photo: Myriam Baril-Tessier

Ateliers

À ce sujet, la veille de Mawessine, Ondinnok rassemblera également des étudiants en théâtre de l’UQAM, et peut-être d’ailleurs, qui s’intéressent à la compagnie, afin de parler de transmission.

« Grâce au département de l’UQAM, on va se rassembler avec les étudiants pour rêver à un projet pilote d’atelier à créer peut-être pour l’hiver prochain. J’ai hâte d’entendre les étudiants en parler. C’est quelque chose qui manque dans les écoles de théâtre, faire connaître le théâtre autochtone en général, et le travail d’Ondinnok en particulier.

Première compagnie de théâtre francophone autochtone au Canada, Ondinnok a produit plus d’une trentaine d’œuvres et d’événements de toutes sortes, devenant l’initiateur d’une dramaturgie autochtone francophone contemporaine. Ses créations questionnent et explorent toute la complexité de l’identité autochtone de nos jours.

À la tête de la troupe, Dave Jenniss a eu un mandat assez particulier jusqu’ici. Il a vécu l’affaire Kanata (le spectacle de Robert Lepage qui n’a jamais traversé l’Atlantique), la crise pandémique et l’annulation/report de spectacles de la compagnie.

« Ça représente beaucoup de défis, avoue-t-il. Je n’ai pas arrêté d’écrire non plus. J’ai retravaillé La cendre de ses os qui est planifiée sur scène pour l’automne. Je suis avancé aussi pour un scénario de film pour ma pièce jeune public Mokatec et l’étoile disparue. Je ne peux pas me plaindre de manque de travail. « 


Pour ceux et celles qui connaissent moins la compagnie, un balado a été mis en ligne le 22 avril. Il met en vedette les fondateurs d’Ondinnok, Yves Sioui Durand et Catherine Joncas, qui parlent des raisons d’être et des réalisations du groupe. C’est disponible ici:

https://feeds.transistor.fm/faire-ondinnok-35-ans-de-theatre-autochtone

Un autre balado sur le travail de Dave Jenniss peut être écoutée sur le web. Il s’agit de sa pièce Pokuhule – Le tambour du temps, suivie d’une entrevue avec le directeur d’Ondinnok.

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/7448/theatre-sur-demande-spectacle-piece-comedien/521808/dave-jenniss-autochtone-laurier-rajotte

Une campagne de sociofinancement se poursuit également jusqu’à dimanche sur le site de la compagnie: http://www.ondinnok.org/fr/.

Yves Sioui-Durand, photo Myriam Baril-Tessier