THÉÂTRE : Haro sur les boomers!

Le clone est triste, photos: Josée Lecompte

Est-ce que les baby-boomers ont le sens de l’humour? Le test à réussir pour ceux-ci et celles-là s’offre en ce moment au Théâtre aux Écuries dans le cadre du spectacle Le clone est triste du Théâtre du Futur. La succulente comédie se rit des défauts de plusieurs générations, mais surtout, et avec raison, de celle des douillets boomers.

D’abord, les faussement fastueux décors et costumes frappent l’imaginaire en entrant dans la salle des Écuries où les interprètes échangent en prenant le thé. On pourrait être dans un salon du 19e, chez Agatha Christie ou chez Tchékhov. Chose certaine, nous sommes devant des richards, réunis au sein du Club des Marquis, des aristocrates qui s’ennuient à mourir quelque part dans le futur.

Ils et elles pourraient représenter, en fait, la génération de baby-boomers gâtés et gâteux qui jouent à un « Meurtre et mystère » pour enquêter et dénicher un clone illégal, nommé Gilles Douillette. Parce que le clonage est désormais banni à l’avenir, surtout celui des membres d’une génération qui ont tout pris et rien laissé derrière eux en détruisant la planète et en empochant tout le magot. D’ailleurs, ce groupe reconnu pour son égocentrisme a été exilé sur la lune depuis nombre d’années. Bon débarras!

Les interprètes – Olivier Morin (malheureusement embêté par un mal de gorge lors de la première), Guillaume Tremblay, Marie-Claude Guérin, Navet Confit et Gaël Lane-Lépine (les deux derniers étant aussi musiciens) – s’en donnent à cœur joie avec un texte qui ne manque ni de punch ni d’à-propos. On y perd quelque peu les fils narratifs de cette enquête-prétexte au décalage constant, mais peu importe, la mise en scène et l’interprétation compétitionne d’ingéniosité et d’énergie contagieuses.

Chacun et chacune y va de son petit solo, alignant les blagues les plus salées avec celles qui parodient une génération qui ne veut malheureusement pas disparaître. C’est parfois cinglant, souvent absurde, toujours amusant.

 La scène la plus drolatique touche au personnage symbolisant tout ce qu’il y a de plus détestable, misogynie et racisme inclus, dans cette génération has-been, soit l’ancien animateur de Radio-Canada, Joël le Bigot. Sans oublier des incontournables comme le mythique Montréal souterrain, le mystérieux Beloeil-nouveau-centre-de-l’univers, les travers du groupe Beau Dommage et tutti quanti. Musique, chansons, passages en chiac et stepettes dansées ajoutent au feu roulant de séquences frôlant le surréalisme.

À l’écriture et à la mise en scène, le duo d’Olivier Morin et de Guillaume Tremblay réussit une fois de plus à prendre de front une thématique sociopolitique controversée pour en décliner toutes les facettes ridicules. À ce temps-ce de l’année, voire de notre histoire, Le clone est triste possède ce petit quelque chose qui nous fait hoqueter de plaisir, mais aussi de malaise bienvenu devant les écarts astronomiques entre des générations humaines qui n’arrivent plus à se comprendre.

Boomers, allez donc marcher sur la lune! 😉


Le clone est triste est présenté au Théâtre aux Écuries jusqu’au 17 décembre.