
Même si des avancées ont eu lieu depuis 2016 et la création du groupe des F.É.T (Femmes pour l’équité en théâtre) quant à la présence des autrices et des metteuses en scène, la parité est loin d’être atteinte à tous les niveaux au sein de nos théâtres. L’événement Sentinelle #2 à Espace GO a montré, entre autres, que les recommandations du Chantier féministe, lancé au même endroit en 2019, sont restées en grande partie lettre morte.
À la suite du chantier féministe de 2019 organisé par Espace GO, la place des femmes en théâtre s’est agrandie au Québec. Elle a atteint ce qu’on appelle la zone paritaire – c’est-à-dire une présence de 40 % et de moins de 60 % – en tant que dramaturges et metteuses en scènes dans les programmations de 17 théâtres à Montréal et à Québec, en plus d’être lauréates de la majorité des prix décernés par les institutions.
Toutefois, seulement trois des neuf recommandations du Chantier féministe : La place des femmes en théâtre se sont réalisées depuis 2019 : la création d’un prix soulignant les réalisations des créatrices en théâtre, l’utilisation du langage épicène et non sexiste dans les communications écrites, de même que la création d’outils statistiques sur le genre et la parité femmes-hommes.
Parmi les recommandations qui n’ont pas encore été appliquées, on retrouve des sujets importants comme la redistribution du financement public, la création de comités-conseils féministes au sein des Conseils des arts, l’imposition de quotas sur le genre et la parité dans les corps enseigant et les œuvres à l’études dans les écoles de théâtre ainsi que le soutien à la conservation et au rayonnement du matrimoine québécois.
» Le chantier féministe de 2019 aura déposé un autre jalon et contribué à accélérer la prise de conscience sur la nécessité de valoriser par des actions concrètes le potentiel des femmes artistes. Saluons les avancées d’aujourd’hui tout en prenant acte qu’il reste encore tout un chemin à parcourir, que rien n’est acquis « , a déclaré à ce sujet Mayi-Eder Inchauspé codirectrice générale d’Espace GO.
Direction artistique (DA)
En revanche, elles demeurent fort peu nombreuses à la direction artistique des théâtres, même si 55% des sièges aux conseils d’administration sont occupés par des femmes.
Ainsi, sur les 29 personnes au sein des DA des théâtres, seulement 38 % étaient des femmes au 1er septembre 2020. Le portrait est encore moins paritaire si on note qu’au cours des 10 dernières saisons, les 13 changements de direction artistique ont permis à 12 hommes de devenir DA contre seulement quatre femmes. Au cours des 30 dernières saisons, cinq théâtres parmi les 17 étudiés n’ont été dirigés que par des hommes.
Les statistiques récentes dévoilées par le chercheur Morad Jeldi montrent un portrait encore moins encourageant si l’on considère le sort des femmes racisées au théâtre québécois. Il a noté l’existence de freins comme la faible reconnaissance des metteuses en scène racisées, le manque de reconnaissance des formations et expériences à l’étranger, le rapport au français discriminant et l’instrumentalisation de la diversité ou tokénisme.
Le rapport final de la recherche sortira dans quelques semaines. Il sera remis à toutes les instances du milieu théâtral et aux Conseils des arts. Il sera également disponible sur le site du Théâtre ESPACE GO.