THÉÂTRE: Vivre à tue-tête

Julie Vincent dans La chair de Julia, photos: Olivier Hardy

Seule en scène, Julie Vincent joue le tout pour le tout dans La chair de Julia. Toute sa vie narrée en 90 minutes sans grands moyens, mais avec beaucoup d’inventivité et de passion. Une leçon de théâtre impressionnante.

Avec La chair de Julia, Julie Vincent raconte sa vie en utilisant toutes les cordes de son arc. La comédienne et metteuse en scène – avec Philippe Soldevila – de cette pièce autobiographique expose avec humour et intelligence ses nombreux talents. Nous sommes devant une artiste sans âge ayant survécu à beaucoup de drames personnels et preofessionnels parce qu’elle a toujours fait confiance à la vie et au théâtre.

Sur la petite et chaleureuse scène du Théâtre de l’Esquisse, Julie Vincent est accompagnée de la marionnetiste Paola Huitron et du musicien Michel Smith ainsi que de son ingéniosité incomparable. En plus des marionnettes, dont elle fait toutes les voix, le théâtre d’ombres, les projections, les enregistrements… elle utilise sa grande palette de comédienne qui sait passer d’un extrait d’audition dramatique à un clin d’oeil amusé au public en une pirouette, sans oublier qu’elle chante aussi admirablement.

C’est tout un pan de l’histoire contemporaine du Québec et du théâtre qu’elle parcourt en abordant ses nombreuses lectures, les relations avec ses parents, son parcours d’artiste passionnée – de l’École nationale de théâtre comme étudiante, puis prof, jusqu’à l’autre École, celle du cirque – ses rapports amoureux ainsi que les pièces écrites et jouées jusqu’en Amérique latine.

Comme elle le rappelle, il n’y a pas une semaine sans que quelqu’un quelque part lui parle de son rôle bouleversant dans le film d’Anne-Claire Poirier sur le viol, Mourir à tue-tête. Ce rôle a lancé sa carrière , mais aurait aussi bien pu l’anéantir, humainement parlant. Comme elle le mentionne également, avec humour, elle a eu la force de dire « stop » à tous les rôles de victime qu’on lui a fait jouer par la suite.

Fragile et forte, Julie Vincent ressemble plutôt à Jeanne d’Arc dans ce spectacle total, un rôle qu’elle a beaucoup interprété aussi, puisque les voix/voies du théâtre l’ont appelé très jeune. Elle les a toujours écoutées et suivies afin de créer contre vents et marées et de vivre à tue-tête !


La chair de Julia est présentée au Théâtre de l’Esquisse jusqu’au 30 mai.

Infos et billets:  lepointdevente.com/billets/chairdejulia