VOIX DE POÈTE: Michel X Côté

Photo: Max-Antoine Guérin

Notre série de lectures poétiques se poursuit cette semaine avec le poète, parolier et dessinateur Michel X Côté. Il nous offre Une dictée américaine, la preuve qu’au Nord, une autre Amérique existe.

Michel Côté est probablement le poète québécois le plus actif depuis le plus longtemps sur Twitter. Il a commencé cette démarche sur le réseau social – lui permettant de rejoindre, entre autres, des lecteurs français intéressés par la nordicité – il y a plus de 10 ans.

« J’avoue que je me suis fait prendre par ça. J’écris dans de petits carnets qui demandent beaucoup de relecture et de travail. En me relisant un jour au retour d’une promenade, j’ai pensé mettre le poème sur Twitter. Comme je pouvais y retrouver facilement tous mes textes de cette façon, j’ai continué à retranscrire mes carnets à cet endroit », explique-t-il.

Sur Twitter, il ne lit pratiquement que des textes de création. Absent un moment du réseau, il y est revenu lors de la publication de Rivière errante aux Édition du Quartz en 2014, la maison spécialisée dans la boréalité francophone. Poète du grand espace, incluant faune et flore, Michel X Côté s’amuse de voir la nature et le territoire revenir à l’avant-plan dans le travail des jeunes poètes.

« Je me suis déjà vu traiter de poète « tellurique », alors que j’ignorais ce que voulait dire le mot, fait-il en riant. Je suis content de voir que la poésie sort dehors, prend l’air à nouveau en appréciant les oiseaux et les arbres. »

L’Amérique, à ses yeux, c’est aussi le Nord. Celle dont il a parlé dans les chansons écrites pour son ami Richard Desjardins. La francophone, mais aussi l’anglophone, de l’Ontario.

La dictée américaine

Oka

Le poète originaire de Rouyn-Noranda vit à Oka. Il s’est installé au village après avoir repéré une maison qui lui plaisait en route vers une exposition des toiles d’Ellen Gabriel – qui a été notamment présidente de l’Association des femmes autochtones du Québec de 2004 à 2010 – à Kanehsatà:ke.

« On soutient les Mohawks dans le but de garder le parc d’Oka fermé durant la pandémie », souligne-t-il.

Michel X Côté raconte qu’il s’est faufilé en poésie avec l’aide d’une amie éditrice de romans.

« J’ai toujours écrit de la poésie, mais j’ai toujours voulu ne pas en faire. Mon premier livre a été publié lorsque j’avais 50 ans. Sauf que maintenant, c’est devenu mon activité principale avec le dessin. Il y a toujours une feuille pour dessiner à côté de ce que j’écris. J’ai pris goût à procéder ainsi. »

Le poète n’a jamais ambitionné de devenir parolier de chansons non plus, mais il a beaucoup aimé la version chantée par 300 choristes de son texte Le coeur est un oiseau – paru sur l’album Les derniers humains de Richard Desjardins – qu’on peut voir sur Youtube. Son plaisir durable reste aujourd’hui d’écrire de la poésie.

Artiste ou artisan?

Humble, il refuse le titre d’artiste ou même d’artisan en parlant des dessins qu’il publie parfois sur internet pour accompagner ses poèmes. Comme tout écrivain, cependant, il lit beaucoup, dont des jeunes poètes comme Virginie Beauregard D. et son D’une main sauvage, Marjolaine Beauchamp et Rose Eliceiry.

« Beaucoup de gens de mon âge ne lisent pas les jeunes et je trouve ça dommage. Je lis les femmes aussi beaucoup. Elles ont fait avancer la littérature parce qu’elles ont des raison intérieures et collectives d’écrire. Elles nous ont donné une littérature plus vivante, alors que les hommes qui ont tassé l’ancienne garde, ont bien souvent ronronné. Je suis venu à la poésie, personnellement, par Anne Hébert et Margaret Atwood. C’est mon côté « canadian ». Je lisais beaucoup de poésie en anglais quand j’étais jeune. »

Le poète prépare un nouveau recueil. Il écrit, entre autres, au sujet de la pratique du dessin. « Il n’y a jamais le mot art là-dedans, souligne-t-il, mais j’ai aussi deux recueils en route. J’écris sur la disparition. ».

Le « X » de son nom, lui, n’est pas prêt de disparaître. Cette lettre est apparue pour le différencier d’autres Michel Côté, dont celui déjà déclaré à la SOCAN (Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

« Ça m’a aidé un peu pour me distinguer des autres, dont le poète Michel Côté. D’autant plus que lui aussi fait du dessin. »