
Se réinventer, qu’elle disait la ministre de la Culture. Que fait-on quand on se spécialise en réinvention des arts vivants depuis neuf ans? On continue. Résilients. Le 9e Festival Phénomena aura lieu du 3 au 23 octobre avec une balado, deux captations de spectacles différés, neuf courts-métrages sur le web, des conversations Zoom et, si le dieu pandémique le permet, un spectacle extérieur.
Phénomena fait pousser des fleurs partout, même sur le béton, depuis neuf ans maintenant. Le festival de D. Kimm continue d’éclore différemment cette année, même si la grande force de l’événement se démontre habituellement sur scène. Il en va de la solidarité avec les artistes, souligne la fondatrice.
« J’ai décidé il y a un bon moment qu’on irait en numérique pour éviter qu’on annonce et désannonce des spectacles, dit D. Kimm. C’est super important de faire une édition pour appuyer les artistes et afin que les subventions retournent dans la communauté de la scène et de l’avant-garde. »
Dans le même esprit, les spectacles extérieurs prévus (ceux d’Hélène Langevin et de Peter Trosztmer) seront probablement reportés au printemps ou à l’été 2021 en raison de la pandémie, mais pas question de les annuler. Deux autres spectacles, enregistrés à la Sala Rossa en respectant les mesures sanitaires, seront toutefois diffusés en différé.
« On a un spectacle qui rocke, La Chapelle ardente de Michel Faubert, entouré d’un band sous la direction de Bernard Falaise. C’est librement inspiré du Manuel de la Petite Littérature
du Québec de Victor-Lévy Beaulieu. L’autre spectacle en est un de cirque alternatif du collectif féministe Cirquantique qui comprend, entre autres, un numéro de Valérie Doucet qui a travaillé beaucoup avec Éloize. »
Michel Faubert, photo: Caroline HayeurValérie Doucet, photo: Caroline Hayeur
Courts métrages
Phénomena appuie donc cette année des artistes qui ont pu tourner dans des conditions professionnelles des courts métrages qui seront présentés un par jour et resteront à l’affiche pendant une semaine.
« On a une vidéo-danse avec l’artiste multidisciplinaire Marie-Hélène Bellavance (Corpuscule Danse) qu’elle a filmée avec ses filles. C’est très beau. Il y a Pas d’apparat corps de Guillaume Vallée, en collaboration avec la chorégraphe torontoise Calla Durose-Moya. Guillaune manipule la pellicule et ça donne une super vidéo expérimentale. »
L’an dernier Phénomena avait présenté le cabaret Performances sourdes et le festival poursuivra sur cette lancée avec des vidéo-poèmes.
« C’est un projet qui m’est très cher parce qu’ils ont peu d’occasions de se faire valoir. J’ai pu réinviter trois artistes sourds qui ont été filmés avec des animations derrière. »
On pourra voir également une correspondance ludique entre la
marionnettiste Marcelle Hudon et le musicien Bernard Falaise. Il y aura aussi une vidéo de la jeune artiste Claire Renaud portant sur une icône du sport : la cheerleader. L’artiste autochtone Dayna Danger offrira, de son côté, Beading Kin, une vidéo portant sur l’identité.
Roxy et Dante, photo: Caroline Hayeur Dayna Dangere, photo: Dayna Danger
Enfin, en cette période de deuils petits et grands, l’incontournable Stéphane Crête nous entretiendra également, dans un court-métrage, de deuil… mais sans paroles!
« On a beaucoup de deuils à faire en ce moment, mais on ne peut pas les faire, dit D. Kimm. Les rituels nous manquent. LC’est sans mots, mais c’est très fort, très parlant. »
Une balado pourra aussi accompagner les curieux lors d’une promenade dans le Mile End. La voix du comédien Christian Vanasse, incluant des anecdotes historiques présentées par Melanie Leavitt, accompagnera le public dans une exposition de
cadres lumineux en 3D créés par la conceptrice lumière et scénographe Lucie Bazzo.
Toute la programmation est accessible via un passeport dont le coût modique varie en 0 et 40 dollars.
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