ARTS VISUELS : Rencontres dans un itinéraire géant

Depuis 10 ans maintenant, les Rencontres de la photographie en Gaspésie (ex-Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie) organisent leur série d’expositions le long du littoral, en des lieux souvent (mais pas toujours!) extérieurs et quelque peu distants. De Petite-Vallée à Miguasha et même au-delà, du Golfe à la Baie-des-Chaleurs, ces lieux sont nombreux et forment un itinéraire qui épouse la forme même de la péninsule! À voir et à lire dans une publication des Éditions Escuminac.

On jette un premier coup d’œil à la publication et on se dit que c’est quelque peu racoleur! Il y a en effet tous ces témoignages d’artistes et de personnages officiels de la région pour confirmer que l’événement est d’importance ! Ça semble un peu trop. Puis, on lit le tout. On le lit vraiment et le vent tourne brusquement. On se demande comment cela se fait que nous ignorions l’impact des ces Rencontres de la photographie en Gaspésie.

Rencontre avec la photographe Dina Goldstein en 2014

Bien sûr, on en a entendu parler. Ça ne peut faire autrement. On sait que c’est un chapelet d’expositions, de conférences, de visites et d’échanges, égrainé sur des kilomètres et des kilomètres, qui a lieu en fin d’été. Mais on se demande pourquoi on n’a jamais vraiment pu adéquatement évaluer l’importance de ce festival des images. Le présent ouvrage vient corriger cette lacune.

Carte des expos 2016

On peut certainement évoquer le fait que ce ne soit pas une fête célébrée dans un lieu urbain, central ; que ce soit en région! Hors des grands centres, point de salut, nous semble-t-il parfois. Mais ce n’est pas une excuse pour qu’on n’en ait pas plus d’échos. En fait, on comprend bien vite que ces Rencontres gagnent au contraire à être présentées là où elles le sont.

Les témoignages fournis nous permettent de bien apprécier combien les organisateurs ont su adapter l’événement, le façonner aux besoins et à l’image du lieu où il s’incarne. Il en résulte que ce qui devait apparaître en premier lieu comme une difficulté, cet éparpillement des présentations sur une large étendue, se mue en avantage et en force.

Debi Cornwall, vue de l’exposition Percé 2018, photo: Rencontres de la photographie en Gaspésie 2018

C’est un assez large littoral, finalement, qui est rehaussé par ces expositions en des lieux choisis. Les artistes doivent donc aller à la rencontre des lieux et des gens de la Gaspésie. Chacun doit faire son bout de chemin pour rencontrer l’autre. Et cela marche; on le constate à lire que ce disent les artistes de cette chance qui leur est donnée. Comment ils reviennent de cette expérience, plus riches, nourris par les rencontres, dont on comprend maintenant mieux qu’elles se nomment ainsi!

Les textes réunis nous permettent aussi de mesurer ce qu’ont pu gagner les participants de tous ordres à être partie prenante de l’événement. Ces Rencontres habitent réellement le territoire où elles se sont implantées. C’est parce que les organisateurs ont cherché à soumettre et offrir celui-ci à l’appréciation et à l’effort artistique et créatif des artistes invités que cette aventure fête maintenant dix années de ses succès. Parce que ce territoire n’est pas qu’un cadre ; il est aussi nourricier!

Jessica Auer, vue de l’exposition, Chandler 2017, photo: Jean-François Hamelin

Évidemment, le tour d’horizon ne serait pas complet sans des images qui nous donnent une idée des prestations des artistes en ces lieux souvent grandioses. Il ne le serait pas non plus sans des textes plus fouillés qui ne se limitent pas à une description historique, mais qui abordent des enjeux plus critiques.

L’événement a été pensé, on le devine bien, et des essayistes comme Alexis Desgagnés, Serge Allaire et  André-Louis Paré en font état. Comme ils font aussi l’examen des enjeux qui ont pu être soulevés au cours des diverses éditions des Rencontres.

 » + – 49° 29 ‘ «  de l’artiste français: Laurent Mulot, Percé, 2016, © Photogaspesie

EMPREINTES… 10 ANS DE RENCONTRES
Éditions Escuminac, New Richmond
Photographies en couleur et noir et blanc
Textes : Claude Goulet, Mona Hakim, Serge Allaire, Alexis Desgagnés et André-Louis Paré