
L’hiver pandémique a assez duré. Place au « printemps des poètes », le dégel provoqué par le 37e Festival international de poésie de Trois-Rivières. Là où les mots réchauffent et font fondre les cœurs.
Le soleil est partout. Éclatant sur les quais. Il y a en ce jour à Trois-Rivières un air de résurrection. Les principaux poètes québécois courent les rues. Ils se rendent à des lieux de lecture publique. En général, ce sont des restos et des cafés qui accueillent poètes et auditeurs. Que vous entriez à La p’tite brûlerie où livres et repas se conjuguent ou dans des restos comme Au four à bois ou au Caféier, ou encore dans le mythique Bar Zenob, vous risquez de rencontrer Louise Dupré, Jean-Marc Desgent, Stéphane Despatie et autres grands noms de la poésie québécoise.
« Madame, Monsieur, saluez-les ! » si vous les croisez dans la rue comme vous y engageait Léo Ferré. Ils portent haut la poésie. Mais il y a aussi, les jeunes poètes Michèle Moisan, Edith Pineault, Emmanuelle Riendeau, Alex Thibodeau, Vanessa Bell, Marc-André Villeneuve.
Un grand nombre de ces poètes ont gagné un prix, parfois de multiples prix. Le Festival international de la poésie (de Trois-Rivières) a ainsi multiplié les encouragements, les incitations à écrire, les motivations poétiques dans un monde où la poésie semble nous avoir désertés pendant un an et plus que des poussières.
Pas étonnant alors que les poèmes évoquent souvent la mort, la tristesse, la maladie, et la révolte contre la fatalité. Mais il se dégage de chaque lecture un contact très chaleureux entre le public « en personne », enfin déconfiné « partiellement » et heureux de l’être et les poètes dont la poésie a survécu à la pandémie. En poésie, la mort n’est jamais triste, un peu à la manière de l’art des Mexicains où squelettes et démons dansent ensemble.
Il n’y a donc pas de morosité ici. Peut-être note-t-on une petite incertitude dans les comportements, des hésitations entre l’alcool à friction et le port du masque, mais tout se déroule dans un respect exemplaire des mesures sanitaires : passeport, prise des noms et téléphone, identification. C’est le protocole.
Il faut admirer ces bénévoles qui se dévouent dans ce monde de contraintes pour que nous puissions entendre les poètes s’exprimer librement dans des petites salles.
Saluons aussi le courage des organisateurs, Gaston Bellemare, le fondateur d’il y a trente-sept ans, et Maryse Baribeau qui voit à toute la logistique avec une conscience professionnelle rarement vue ailleurs. Ce Festival a pu et a dû être mis sur pied en un temps record grâce à leurs efforts.
Cette année, le Festival favorise les poètes du Québec et des provinces francophones. Bien sûr, on a parfois une petite nostalgie des poètes russes comme Dmitry Legeza ou Olga Anikina, des poètes latino-américains comme Luis Armenta Malpica, ou encore de Françoise Roy traductrice québécoise des meilleurs poèmes, elle-même poète, qui vit à Guadalajara.
Mais, en poésie comme ailleurs, la nature a horreur du vide et les poètes québécois comblent avec grâce ce vide, que ce soit celui de l’âme ou celui du cœur, avec des textes bien sentis devant un public qui en goûte chaque phrase, chaque strophe et même parfois chaque rime.
Le Festival international de la poésie est toujours en cours et il reste encore des places pour venir écouter d’immenses poètes qui se relaient jusqu’à la fermeture dimanche le 10 octobre 2021.
Tous les détails en ce qui a trait aux prestations, aux poètes ou aux lieux privilégiés, sont disponibles sur le site WEB du festival : http://www.fiptr.com où les adeptes des lectures de poésie pourront trouver le programme et les lauréats de cette année.
Les poètes n’ont qu’à bien se tenir ! On les écoute…
