ARTS VIVANTS: Dominique Leduc à Phénomena

Dominique Leduc, photo: Julie Perreault

Le 10e festival Phénomena s’ouvre aujourd’hui et se poursuivra jusqu’au 22 octobre. Cette célébration de l’hybridité en arts vivants propose huit spectacles en salle, huit performances en extérieur et deux expositions. De l’hétéroclite à l’étrange en passant par l’éclaté. La comédienne Dominique Leduc (en nomination aux Prix Gémeaux cette année pour Faits divers) effectue un plongeon « phénoménal » dans Paysages avec créatures.

Dominique Leduc faisait déjà partie de la grande famille de D. Kimm, directrice artistique et muse de Phénomena, depuis 2016. Avec une courte forme, elle avait pris part au Cabaret DADAMomentum en compagnie de ses ami.e.s de Momentum, compagnie axée sur la performance qu’elle a cofondée en 1990.

Cette fois, elle occupe la scène avec Guillaume Chouinard dans un spectacle de théâtre corporel qui place à l’avant-scène son passé de danseuse avec Isabelle Van Grimde et Daniel Léveillé. Paysages avec créatures s’accorde en tous points avec la vision du festival.

Guillaume Chouinard, photo: Simon Pelletier-Gilbert

« J’avais le goût de revenir au mouvement, fait-elle, et de travailler à nouveau sur l’excès, le grotesque et l’étrangeté. Dans ce spectacle, il y a trois personnages qui nous permettent d’explorer les limites du corps. J’ai créé un langage corporel qui est propre à chacun en usant de divers matériaux comme entraves. Ça nous a permis, avec Guillaume, de nous intéresser aussi à l’échec, à la perte de compétence et de sensations du corps, à la perte de repères. Les personnages sont un peu comme des bouffons difformes, mésadaptés, catapultés dans une environnement apocalyptiques. Ils ont perdu le langage et la capacité de communiquer les uns avec les autres. »

Aucun artiste, aucun humain en fait, n’existe en dehors du contexte de la crise mondiale actuelle. Les créatures de Dominique Leduc agissent également en frôlant la fin d’un monde ou d’une civilisation.

 » Ces trois corps se sentent inadéquats. Ils essaient de retrouver dans leur corps et dans l’espace des traces d’une civilisation disparue, dont ils se souviennent par bribes. On va de la naïveté au feu en passant par la frustration. Ils ont des rapports différents à ce qu’ils vivent, la perte de sens. »

 » On a tous nos pertes de repères sur la plan relationnel, culturel, social ou politique, ajoute-t-elle. Guillaume et moi avions envie d’en parler. On a circonscrit les personnages à cette étape de notre vie et de notre rapport aux changements. »

Son et images

Paysages avec créatures ne comporte pas de texte, mais un bande son, où seront entendues toutes sortes de choses dont des mots, concoctée par l’excellent Éric Forget. La créatrice a aussi été appuyée par Audrey Bergeron à la chorégraphie et de Lucie Bazzo aux éclairages.

« Comme comédienne, la parole a beaucoup fait partie de mon parcours. Là, j’avais envie de prendre un certain recul et me remettre dans le corps. J’ai fait de la danse à 20 ans, c’est différent maintenant. Mon corps ne bouge pas de la même manière, mais il n’en est pas moins expressif. Je voulais me frotter à ces questions du corps. »

À Phénomena, Dominique Leduc fait aussi partie du spectacle de Jean-Frédéric Messier, Lieux dits, samedi à 18H au Parc Lafond. Guillaume Chouinard, Véronique Pascal et elle interpréteront un texte de Messier inspiré de la pataphysique ou « science des solutions imaginaires ».

« Un jour, des archéologues du futur découvriront des vestiges de l’époque dans laquelle nous vivons, décrit le programme. Les traces laissées par notre occupation de l’espace leur livreront des indices sur nos modes de vie. »

Momentum un jour, Momentum toujours.

Paysages avec créatures est présenté à la Sala Rossa en clôture du festival Phénomena le 22 octobre


Incontournables :

Marie Davidson

Marie Davidson, photo: Madison Dinelle

Renegade Breakdown. Au sein de son trio musical alliant guitares et musique électronique, la poète et compositrice affectionne les textes lucides dans des performances assez théâtrales. Il s’agit d’une première à Montréal. Vendredi 8 octobre au La Tulipe.


Geneviève et Matthieu

M. Gros. Le duo abitibien manie arts visuel, théâtre et musique pour enquêter sur des enjeux identitaires comme la surveillance, l’infiltration, l’écoute électronique, le vol d’idées et la copie. Du 12 au 15 octobre 2021  à La Chapelle – scènes contemporaines.

Geneviève et Matthieu


Alexis O’Hara

Alexis O’Hara, photo: Caroline Hayeur.

Cabaret DADApandémique. Sous la direction artistique de D. Kimm, Alexis O’Hara anime une soirée de transgression des règles avec les artistes Stéphane Crête, Éliane Bonin, Jacqueline van de Geer, Nathalie Claude et Julie McInnes, Célesta O’Lee et Rosie Bourgeoisie, Krin Maren Haglund ainsi que Phoenix Inana.

Les 14 et 15 octobre à la Sala Rossa


L’œil éveillé

D. Kimm, photo: Rolline Laporte

L’œil éveillé. D. Kimm dirige ce collectif de six artistes sourds – Sylvain Gélinas, Jennifer Manning, Marie-Pierre Petit, Pamela E. Witcher, Theara Yim et Hodan Youssouf – dans un spectacle en Langage des signes québécois, incluant traduction en français. Théâtre, poésie, musique signée et vidéo au menu. les 16 et 17 octobre à la Sala Rossa.


Claudia Chan Tak

Mix Tape A et Mix Tape B. La nouvelle commissaire à la diversité chez Phénomena, Claudia Chan Tak, propose deux soirées des plus diversifiées. Côté A : musique, danse et spoken word avec Jackson Jaojoby, Isabelle Pin, Harleen Bhogal et Cindy Belotte. Côté B : musique et danse avec Brenda Freyle, Sergio Barrenechea, Lucio Chachamovich, Ford Mckeown, Justin de Luna et Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo. Angelina Guo fera la présentations des artistes. Les 20 et 21 octobre à la Sala Rossa.

Claudia Chan Tak, photo: Claudia Chan Tak.