
Diplômée de l’École nationale de théâtre en 2015, Clara Prévost a écrit et met en scène Brillante, sa deuxième pièce àa la salle Fred-Barry. Celle qui est aussi comédienne, on l’a vue récemment dans La nuit des rois au TNM, aborde une heureuse étape de sa carrière où les choix commencent à se multiplier.
Entre ses deux textes pour le théâtre, La place rouge et Brillante, Clara Prévost s’est tournée vers le cinéma. Son deuxième court métrage est sur le point d’être diffusé, un troisième est en préparation, mais pour elle, comme pour tant d’autres d’ailleurs, le théâtre est essentiel à sa pratique artistique, qu’elle soit sur scène ou en coulisses.
» J’aime tellement le théâtre et la création que, souvent, je préfère manquer une audition télé qu’un engagement pour la scène. Il y a de très bons interprètes qui n’ont jamais fait d’école de théâtre, mais de façon générale, le théâtre reste la base. «

Brillante lui est venue de réflexions quotidiennes au sujet de la capacité d’abstraction des humains, ce qui nous distingue d’autres formes de vie. L’histoire se déroule dans un climat de fin du monde où des enfants échappent à la guerre qui gronde en se faisant des peurs et des illusions.
» On a visiblement le besoin de croire en quelque chose comme humains, c’est une soif de transcendance en quelque sorte, dit-elle. Nos croyances ont un impact sur la manière dont on fonctionne. Et, malgré le fait que nos croyances sont différentes, on doit arriver à agir ensemble dans une même direction pour, idéalement, améliorer le monde dans lequel on vit. Les crises humanitaires de plus en plus fréquentes nous démontrent qu’il faut y arriver. «
Le lieu de la pièce n’est pas identifié, mais on comprend que la haine, la violence et la division troublent le microcosme des enfants qui voudraient ne plus avoir à traiter avec des adultes obsessifs et/ou indifférents. Dans un futur pas trop lointain, le groupe se forme autour d’un enfant qui possède une poupée/marionnette qui pourrait être magique aux yeux de certains, mais pas de tous et toutes.
» Les enfants sont des éponges et reproduisent nos comportements avec une certaine pureté, je crois. On a tendance à les considérer avec davantage de compassion que les adultes. Pour réfléchir, il faut éprouver de l’empathie. Je crois que c’est probablement plus frappant de voir les comportements toxiques qu’on adopte en société en regardant des enfants agir comem dans la pièce. «

Époque actuelle
Sans parler de complotisme ou de croyances farfelues qui sont légion de nos jours, Brillante met en lumière ce besoin humain de faire confiance à son imagination, de croire en la magie. Des quêtes qui peuvent toutefois devenir délétère si l’on s’éloigne trop de la réalité.
» Je me demande souvent comment peut-on juger si une croyance est bonne ou non. Quelles sont les actions découlant des croyances ? Quel est leur impact ? Ce peut être constructif ou destructif dans une société. Avec l’effritement du sens moral, il y a aujourd’hui un effet de désagrégement. Toute le monde croit ce qu’il veut, ce qui mène à une polarisation toujours plus grande. «
Sans que Brillante ne réponde à toutes ces questions existentielles, la pièce met en scène ce qui pourrait ressembler ici à de la manipulation d’esprits innocents, sans que ce ne soit nécessairement conscient.
» Je me suis assurée en écrivant la pièce qu’il y ait deux lectures. On peut la concevoir comme un conte où tout est possible ou encore comme une histoire de manipulation en faisant appel à la magie. Je ne prends pas position. «
Les sujets spirituels se succèdent dans ce récit qui place en opposition les croyants et les non-croyants. Autour d’eux, c’est la guerre, les bombes tombent et ces jeunes ressentent la nécessité de pouvoir enfin entrevoir la possibilité d’un monde meilleur.

Première mise en scène
Cette première mise en scène de Clara Prévost traite avec neuf comédiens et comédiennes dont deux enfants et une marionnette.
» Ça déménage dans le local de répétitions, confie-t-elle. On a fait des auditions qui se sont échelonnées sur une année. On cherchait quelque chose de précis avec des énergies et des physiques diversifiés en plus d’avoir un air jeune évidemment. Une fois qu’on a la distribution, la moitié de la mise en scène est faite. «
Elle retrouve sur ce plateau Thomas Derasp-Verge qui était avec elle du spectacle La nuit des rois au TNM en 2022. Les autres interprètes sont : Laurence Barrette, Marine Johnson, Alice Moreault, Emmanuel Prud’homme, Madeleine Sarr, Madanie Tall, ainsi qu’Oscar Vaillancourt et Aksel Leblanc en alternance.
Avec ceux et celles-là, elle partage une certaine naïveté, avoue-t-elle, un regard toujours émerveillé sur le théâtre et la création.
« Quelque me disait que j’étais courageuse de faire ça avec des jeunes, mais je crois plutôt que c’est de l’insouciance. Je voulais aborder un sujet qui m’intéressait et je me suis demandé quels étaient les besoins pour y arriver. C’est vrai que je ne me suis pas donnée la tâche la plus facile, mais c’est enrichissant et rempli d’apprentissages. La création est une nécessité pour moi, alors c’est presque venu naturellement. »
Tout aussi naturellement, elle continuera à travailler au théâtre et au cinéma. La poursuite de l’écriture et la réalisation d’un long métrage sont déjà dans parmi ses objectifs.

Brillante est présentée à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 4 février.