
Depuis le début de leur mandat à la tête du FTA l’an dernier, Jessie Mill et Martine Dennewald déjouent les attentes en programmant des artistes qui, également, sortent des sentiers battus. C’est ce qu’un bon festival à tête chercheuse doit faire de mieux. Les cinq premiers spectacles annoncés de l’événement, qui se déroulera du 24 mai au 8 juin, respectent ce credo.
Jessie Mill et Martine Dennewald accueillent encore au FTA cette année plusieurs artistes qui en seront à leur première présence au festival. Cette volonté des codirectrices artistiques démontre que leur recrutement dynamique vise davantage que les grands noms du théâtre et des festivals européens.
» Nous avons un grand intérêt pour certains territoires qui nous semblent reliés à Montréal, au Québec et au Canada de par différentes réalités: l’immigration, l’histoire coloniale, la francophonie ou l’axe des trois Amériques, souligne la codirectrice artistique Martine Dennewald. Ce sont des territoires moins explorés qui font moins partie aussi de la circulation des œuvres dominantes. Ce n’est pas par souci de nouveauté, mais de cohérence avec notre projet artistique en amenant ici des voix intéressantes et pertinentes. «
Le monde change rapidement et le festival souhaite rester en phase avec les changements sociopolitiques qui affectent les artistes un peu partout. » Ça fait partie de notre responsabilité et de notre plaisir « , confie-t-elle.
Cinq annonces
Le 17e FTA présentera ainsi pour la première fois à Montréal la chorégraphe irlandaise Oona Doherty avec Navy Blue. Cette artiste en plein essor sur la scène internationale nous offrira sa première pièce de grande envergure.
« C’est quelqu’un d’extrêmement impressionnant dans la cohérence de son propos et de ses chorégraphies qui sont, aussi, d’une grande beauté, note-t-elle. Il se dégage une grande humanité de ce qu’elle fait en se concentrant sur l’importance du collectif. »

En continuité avec les programmations précédentes, la déséquilibrante Gisèle Vienne (Jerk, Crowd, The Ventriloquists Concention) revient à Montréal avec L’étang, mettant en vedette les comédiennes Adèle Haenel et Henrietta Wallberg.
» Chez elle, il y a toujours un jeu avec les perceptions qu’a le public de tous ses sens, confirme Mme Dennewald. Elle travaille la dissociation entre ce qu’on entend et ce qu’on voit. Les deux comédiennes jouent une dizaine de personnages. il s’agit de l’adaptation du livre L’étang du poète suisse-allemand Robert Walser (1878-1956). C’est une pièce très performative et Gisèle Vienne se l’est appropriée de très belle façon. »
Danse de rue
In My Body est une pièce canadienne de danse de rue qui s’éloigne aussi des formes de représentation habituelles de cet art ( concours, combats, etc.) qui a influencé au fil des ans la danse contemporaine ici et ailleurs.

» C’est une véritable remise en question du street dance par trois générations différentes sur scène. Autour du corps, à savoir ce que veut dire être un break dancer comme virtuose, athlète, chorégraphe, à travers les années et le vieillissement. C’est important de faire place à ces artistes et à leur vécu. Il y a du texte et de la vidéo dans le spectacle. «
Enfin, la compagnie québécoise L’Eau du bain – Anne-Marie Ouellet, Thomas Sinou et Nancy Bussières – fera également son entrée au FTA cette année avec pas un, mais deux pièces (White Out et La chambre des enfants), dont la première s’inspire de La maladie de la mort de Marguerite Duras, et la deuxième s’adresse au jeune public. Deux spectacles qui se présentent comme de la poésie visuelle en usant d’une esthétique unique.
» Je les ai découverts avec ces pièces, dit la codirectrice artistique. C’est d’un tel raffinement formel. On se demande comment ils font pour réussir ces hauts faits technologiques. C’est carrément magique. «

Les billets pour ces cinq spectacles sont déjà en vente et la programmaiton complète du FTA sera dévoilée le 21 mars prochain.