LITTÉRATURE : Livres d’images

C’est un événement : une dizaine de longs métrages adaptés de bouquins dans un festival comme Cinémania. Du jamais vu et lu, foi de Guilhem Caillard, directeur général de cet événement qui a lieu en salle et en ligne jusqu’au 14 novembre.

Signe des temps et un peu aussi de la crise sanitaire, les cinéastes se sont repliés sur les mots pour créer des images. La moitié des films mentionnés ici ont été tournés en pleine pandémie et auront accordé un peu plus de temps aux cinéastes pour réfléchir à ce qui les confronte dans le monde d’ici et maintenant.

Le festival Cinémania présente, en partenariat avec les librairies du Square, Le Port de tête, Planète BD et Gallimard, dix adaptations cinématographiques inspirées de classiques de la littérature ou pas, fictions, romans, BD et même un essai.

« C’est incroyable, je n’ai jamais vu autant d’adaptations, souligne Guilhem Caillard. Entre Balzac et Annie Ernaux qui « voient » deux de leurs œuvres traduites à l’écran, c’est assez exceptionnel comme programmation. »

Parmi la sélection présentée, deux films sont donc adaptés des romans de la grande dame de l’autofiction. Celle-ci n’avait pas vu ses écrits portés au cinéma depuis le long métrage L’Autre, d’après L’Occupation, réalisé par Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard en 2008. Le festival offre cette fois L’événement de Audrey Diwan (Lion d’or au Festival de Venise) et Passion simple de Danielle Arbid.

Côté Balzac, une nouvelle adaptation d’Eugénie Grandet – on ne les compte, plus faut-il dire – est proposée par Marc Dugain qui est aussi romancier. Son livre La chambre des officiers a été porté à l’écran par François Dupeyron en 2001, notamment. Illusions perdues est un autre film d’après Balzac qui a été mis en scène par Xavier Giannoli. C’est la première fois que ce livre en trois tomes prend l’affiche au cinéma.

« Giannoli s’est concentré sur un seul des trois tomes du roman, note Guilhem Caillard. Il se concentre sur le personnage du jeune premier qui arrive à Paris. C’est un choix assez audacieux et ce sera notre film de clôture. »

Zola

Le festival présente aussi en salle les trois premiers épisodes d’une nouvelle adaptation du roman Germinal d’Émile Zola.

« Cette adaptation est spectaculaire. C’est presque un show à l’américaine où l’on retrouve la comédienne québécoise Rose-Marie Perreault. Sinon, les cinéastes ont surtout travaillé avec des romans ancrés dans la vie contemporaine, même de la BD. »

C’est le cas de la comédie Playlist, le premier long métrage de la bédéiste Nine Antico. Autrice d’une dizaine de BD toutes plus acidulées les unes que les autres, dont la savoureuse Maléfiques parue en 2019, la néo-réalisatrice accorde souvent le premier rôle à des personnages féminins aux prises avec la vie moderne.

La vie du bédéiste Mathieu Sapin est, par ailleurs, mise en images par Jean-Pierre Pozzi dans le documentaire La disparition ?. Sapin s’est toujours beaucoup intéressé à la vie politique. Ici, il se pose la question: Qui a tué la gauche française ?. Aussi inspiré de la BD: Le discours un film de Laurent Tirard, adapté du livre du bédéiste à succès Fabrice Caro dit Fabcaro.

Parmi les autres adaptations d’œuvres littéraires, on retrouve aussi De nos frères blessés de Hélier Cisterne (livre éponyme de Joseph Andras qui a refusé d’accepter le Goncourt du premier roman en 2016) et Suzanna Andler de Benoît Jacquot (pièce de théâtre de Marguerite Duras) mettant en vedette le Québécois Niels Schneider.

Enfin, Cinémania présente Les Apparences de Marc Fitoussi, d’après le roman Trahie de la Suédoise Karin Alvtegen et Retour à Reims de Jean-Gabriel Périot, une adaptation du texte du philosophe et sociologue Didier Eribon.

« Un véritable ovni, quasiment de l’expérimental » conclut Guilhem Caillard.

INFOS: festival cinemania.com