THÉÂTRE: Femmes d’octobre

Debouttes, Murale de caroline Monnet, fournie par Espace GO

Que reste-t-il à la culture pendant ce reconfinement? Art public, balado, web, interactivité… Je suis une femme d’octobre d’Espace GO réunit toutes ces activités pour dire qu’encore une fois, de trop!, l’histoire est écrite par des hommes. Pourtant, depuis la Crise d’octobre 70, les femmes n’ont jamais cessé de changer le monde.

Écrire l’histoire des femmes est un chantier toujours actif et, avec Je suis une femme d’Octobre. Espace GO et 50 créatrices y contribuent en rendant hommage à celles qui se battent, plus précisément depuis 50 ans, pour faire en sorte que leur point de vue soit énoncé, diffusé, partagé.

Jusqu’au 31 octobre, l’événement propose une superbe murale, Debouttes de Caroline Monnet, devant le théâtre, 25 affiches disposées en un déambulatoire inspiré des marches des femmes dans autant de commerce du boulevard Saint-Laurent, entre Marie-Anne et Maguire, trois balados d’Émilie Monnet, Jenny Cartwright et Marilou Craft, des récits historiques d’Annie O’Bomsawin-Bégin, Camille Robert et Alexandra Pierre, ainsi qu’un espace web participatif où le public peut témoigner à son tour d’héroïnes inspirantes.

Pour la directrice d’Espace GO, Ginette Noiseux, même si les hommes ont mené plusieurs luttes sociopolitiques dans le passé, celles-ci n’étaient pas nécessairement inclusives. Ce qui la fait lutter, elle, avec tant d’autres c’est dans le but de transcender le fait « que notre appréhension du monde soit privée de l’imaginaire de la moitié du monde, celle des femmes. »

Ginette Noiseux dit soutenir un processus de « décolonisation de l’imaginaire », rappelant que les femmes, après 50 ans, demeurent au plus bas de l’échelle socioéconomique, subissant toujours « les effets du colonialisme, du racisme, des inégalités de classe, des politiques migratoires, des désastres écologiques, du capacitisme et de l’hétérosexisme ».

« On met en lumière les contradictions de cette épopée presque romantisée aujourd’hui, dit-elle. Alors que le FLQ dénonçait le colonialisme et réclamait la libération du Québec, il ne tenait pas compte du fait qu’il colonisait doublement les Premières Nations en n’étant pas en dialogue avec elles. Du côté des femmes, 200 d’entre elles se sont enchaînées au Monument national pour avoir le droit de manifester. Elles se disaient esclaves des esclaves. »

La chercheuse en résidence à Espace GO, Emmanuelle Sirois écrit à ce sujet que « mon octobre en est un qui succède aux luttes autochtones pour le territoire, aux vagues de dénonciations, au chapitre 2020 de Black Lives Matter, dans un contexte de crise pandémique. Je n’ai pas l’octobre tranquille ».

« je suis sœur d’armes/de femmes noires/femmes flammes/femmes de toutes les luttes/d’octobre et d’avant/d’octobre et d’après » (Marilou Craft)

« je sais les femmes d’octobre/nombreuses/fières/obstinées et défiantes/qui ont ouvert la voie/défriché recommencé/qui ont tenu tête, et qui la tiennent encore/droite/devant l’ampleur de nos luttes » (Jenny Cartwright)

Comme Marilou Craft et Jenny Cartwright, l’artiste Émilie Monet a d’ailleurs écrit un récit pour démontrer que, pour les peuples autochtones, « la crise c’est tous les jours depuis très longtemps ». Comme le démontre douloureusement la mort tragique cette semaine de Joyce Echaquan, a-t-elle souligné.

Entre les combats des Noirs et des Autochtones, note-t-elle, « il y a des différences, mais il y a aussi des similitudes dans l’histoire de l’oppression. Avec George Floyd et Joyce Echaquan, on voit qu’il y a beaucoup de parallèles. C’est important de nourrir les liens de solidarité entre nos communautés. »


À et autour d’Espace GO jusqu’au 31 octobre. Infos: espacego.com

Cette vidéo a été enregistrée avant les événements entourant la mort de Joyce Echaquan.