Le premier roman du poète et directeur littéraire au Noroît, Patrick Lafontaine, s’intitule simplement Roman. Comme dans « fiction » ou encore dans le prénom d’un personnage du livre. Il n’y a rien de simple puisque tout se dédouble à l’infini. Cet objet littéraire fort particulier, publié aux Éditions Pleine lune, raconte un périple apparemment hyperréaliste, mais aussi intérieur que poétique. Dépaysement garanti. Captivant.

Le premier recueil de nouvelles du poète Mattia Scarpulla suit le chemin déjà débroussaillé par cette écriture singulière qui se promène entre l’Italie et le Québec. Au propre et au figuré puisque les contrées ne renvoient parfois qu’à l’imaginaire. Ses histoires ont la bougeotte comme ses personnages quelque fois perdus entre l’insouciance adolescente et un âge adulte peu attirant. L’auteur possède un esprit et un style vivifiants.

En 50 ans d’écriture, France Vézina s’est faite rare. Chaque offrande de sa part s’avère donc un cadeau tombé du ciel. La poète, dramaturge et romancière (Osther, le chat criblé d’étoiles) marche, d’ailleurs, toujours la tête en l’air, tentant de capter l’indicible. Avec Le génie de l’enfance, paru à l’automne, elle démontre encore une fois sa pertinence, son extrême sensibilité et sa foi en la force des enfants pour sauver le monde.

Granma, Trombones de La Havane, photo: Doro Tuch.

Il y a toujours un.e auteur.e au théâtre, au singulier ou au multiple, à la mise en scène ou à la dramaturgie. Le 13e FTA a célébré du 22 mai au 4 juin l’importance du texte. Dans un monde qui nous tombe des mains devant tant de préjugés, de clichés, de courtes vues, d’humeurs et de bruits, le théâtre reste une agora où la pensée peut éclore et se déployer, où s’élever ne signifie pas rabaisser. Non pas pour pérorer, montrer son nombril ou ses connaissances. Non. Parce que simplement, le public, donc le monde, en a cruellement besoin.

Cutlass Spring est présentée ce soir au Théâtre Prospero.

Cutlass Spring, le nouveau né de Dana Michel, sort de ses tripes comme Yellow Towel et Mercurial George auparavant, trois spectacles, en tout, qui se promènent sur la planète. L’artiste montréalaise continue d’étonner brillamment, et de détonner aussi face aux formes classiques et même contemporaines, avec sa façon bien à elle d’allier danse, théâtre et performance.

Fruit d’une initiative fort bienvenue, porté par une activité citoyenne sans précédent, le projet Constituons! de Christian Lapointe est un animal politico-théâtral à deux têtes qui ne s’entendent pas toujours bien ensemble. Pourtant, le résultat final, le texte de cette Constitution citoyenne du Québec, écrit par une quarantaine de Québécois, représente une véritable avancée politique qui impose le respect, voire l’admiration.

Constituons!, photo: Alexis Chartrand

Granma. Trombones de La Havane est présentée aujourd’hui et demain au Monument-National, ainsi que les 2, 4 et 5 juin à Québec.

Granma. Trombones de La Havane. Photo: Ute Langkafel

Stefan Kaegi et Rimini Protokoll (Berlin) nous refont le coup d’un théâtre documentaire qui surprend par l’étendue et la générosité de son regard. Deux ans après 100 % Montréal qui avait révélé aux spectateurs montréalais du FTA des aspects insoupçonnés d’eux-mêmes, Granma. Trombones de La Havane nous propose un voyage dans le temps qui ne tente nullement de justifier une idéologie ou une autre, mais de comprendre où en est la population cubaine aujourd’hui avec ses désillusions et ses rêves.

Fantasia est présentée jusqu’à dimanche au Centaur.

La metteuse en scène polonaise Anna Kasrasińska « joue » au théâtre ou plutôt avec les codes théâtraux dans Fantasia. Cette courte forme imaginative fait beaucoup rire. Un exercice de laboratoire scénique sans quatrième mur, sans texte, voire sans pièce. Toujours accessible et sympathique.