Les étoiles peuvent naître partout, même dans les trous noirs, semble-t-il. Le nouveau recueil de Roxane Desjardins n’est pas un ciel étoilé en 2D, mais bien une image du cosmos en 3D. C’est un livre-somme où un poème en cache un autre et ainsi de suite. Le genre de livre, Trou noir, qu’on garde tout près parce qu’il n’a pas fini de nous livrer ses secrets.

Jean-Philippe Baril Guérard dans Vous êtes animal, photos: Danny Taillon

Vous êtes animal est une pièce de faux théâtre documentaire à propos d’un faux essai sur une théorie de l’origine des espèces, théorie qui pourrait être tout à fait vraie. Que valent les idées et où se cache la vérité, si telle existe encore? Les questions sont sérieuses, mais le spectacle fait aussi rire que réfléchir. Un début d’année en force au Quat’sous.

Deux universitaires occupent le temps de la pandémie pour échanger entre eux. L’un, Michel Biron, est l’auteur de l’Histoire de la littérature québécoise et de La Conscience du désert. L’autre, David Bélanger, aussi directeur de rédaction d’XYZ. La revue de la nouvelle, a publié Il s’est écarté. Enquête sur le mort de François Paradis. Ils appartiennent à deux générations différentes et c’est sur le front de cette appartenance et d’allégeances qui se heurtent un peu, qui se mécomprennent un peu, qu’ils choisissent cet entretien par lettres.

The Bakery – Skin. Photo : Merissa Tordjman

Du 21 au 23 avril, la webdiffusion de Skin de Leslie Baker, relève de l’événement. C’est une très belle réussite de cette présente saison écourtée. Coprésenté par le Théâtre La Chapelle et le Centaur, cette œuvre fait prendre l’air au théâtre pour s’apparenter davantage au vidéo d’art. Et c’est tant mieux.

Un grand livre. Percutant, bouleversant. De ceux qu’on peut lire et relire en y cueillant de nouvelles vérités à chaque fois. Un livre sur le ici et maintenant. Il procède d’une hybridité des genres littéraires pour mieux englober son sujet vaste comme un trou noir. Ce qui n’est pas Rien du tout, malgré l’humilité du titre, paru chez Mémoire d’encrier. Un trou noir peut aspirer l’univers entier, concentré ici dans une superbe plume. Olivia Tapiero nous éblouit avec ce livre où interviennent le récit, l’essai et la poésie.

L’histoire dépend de qui l’écrit! Gilles Bibeau, anthropologue et professeur émérite à l’Université de Montréal, le sent certainement très bien. Comme il sait aussi que la nôtre comporte sa part de taches aveugles et de lapsus idéologiques. Il relève ainsi le pari d’en présenter une version, dans Les Autochtones. La part effacée du Québec, chez Mémoire d’encrier, où il réexamine les événements selon une perspective légèrement différente.

Les Éditions Hannenorak ont fêté leur dixième anniversaire en 2020. Situées dans la communauté de Wendake, elles ont été fondées par l’auteur Jean Sioui et le propriétaire de la Librairie Hannenorak, Daniel Sioui. Plus d’une trentaine d’autrices et d’auteurs autochtones et allochtones y sont publié·e·s ou traduit·e·s à partir de leur langue maternelle ou de l’anglais. Tous les genres y sont explorés: essai, poésie, roman, conte, nouvelle, littérature jeunesse. Nous vous suggérons aujourd’hui de poursuivre un voyage dans le temps, entrepris hier avec An Antane Kapesh, pour faire la connaissance de Jules Sioui, un réformiste autochtone tombé dans l’oubli et raconté par son petit-neveu Jocelyn dans Mononk Jules, publié récemment chez Hannenorak.

Le roman de Dominique Fortier, Les villes de papier, récent lauréat du Prix Renaudot de l’essai, connaît une vie parallèle grâce à un magnifique audiolivre narré par l’auteure en compagnie de la comédienne Marianne Marceau dans un écrin musical de Patrick Ouellet. Roman ici, essai en France, publié par Grasset. Le terme autofiction peut aussi convenir tellement le filtre subtil et nuancé, mais omniprésent de l’écrivaine québécoise, s’impose dans ce livre hybride, publié chez Alto.

Le déclin du français à Montréal et, conséquemment, au Québec, est un thème qui revient constamment depuis des lustres. Au-delà des impressions et des intuitions malheureuses, dont il faudrait demander la source à Emmanuella Lambropoulos, le présent livre y va de son constat déprimant et il le fait avec force chiffres et démonstrations fondées. Mais une solution existe tout de même, un bouquet de solutions diverses pour être plus précis, car le recul du français n’a rien d’inéluctable.